Ceux à qui le DRS fait peur
Par M. Aït Amara – Bouteflika revient sur ses propres décisions qu’il avait prises lors de ses précédents mandats. Regrets, reconnaissance de ses erreurs ou retour à la case départ ? Deux décisions, au moins, annoncées par des officiels ou par les médias, confortent cette analyse. Le ministre de l’Industrie a annoncé la réouverture des mines qui sont restées fermées depuis plusieurs années sur orientation de Bouteflika – c'est ce que soutiennent les ministres à chaque fois –, tandis que plusieurs confrères s’intéressaient à ce qu’ils croient être une «réhabilitation» de la prérogative de police judiciaire au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) que dirige le général Toufik. Le président de la République, qui a tenu mordicus à rempiler malgré ses soucis de santé, était-il derrière les décisions qu’il est en train de revoir aujourd’hui en se référant cette fois-ci à des conseils avisés pour «corriger le tir» après qu’il eut choisi, quinze ans durant, la voix de l’unilatéralisme et du monopole de l’initiative ou, au contraire, a-t-il été induit en erreur auparavant ? Il a longtemps été question, durant les mois qui ont précédé l’élection présidentielle du 17 avril dernier, de «profondes divergences» entre le patron du DRS et le clan présidentiel, au point qu’un mouvement inattendu avait été décidé par Bouteflika au sein du puissant service des renseignements. Des généraux avaient été remplacés par d’autres, alors que ce département – qui relève de l’autorité directe du président de la République, ce que beaucoup semblent oublier –, se voyait amputé du Centre de la communication et de la diffusion (CCD) que dirigeait le colonel Fawzi et de l’attribut de police judiciaire dont le DRS jouissait au même titre que la DGSN et la Gendarmerie nationale. Que peut alors signifier cette marche arrière actionnée par le président Bouteflika ? Le DRS va-t-il réactiver les enquêtes sur les scandales financiers ou de nouvelles règles ont-elles été fixées pour en limiter les prérogatives ? Le DRS a, en tout cas, dans sa partie police judiciaire, toujours travaillé en coordination avec les autorités judiciaires, conformément aux lois de la République. Parallèlement à l’information semi-officielle rapportée par les confrères sur la récupération par le DRS d’une prérogative dont il n'aura en définitive été privé que quelques mois, une mystérieuse rumeur sur le remplacement du général Toufik par un de ses collaborateurs faisait le tour de la Toile et des rédactions. La rumeur pourrait émaner de ceux qui craignent d’être à nouveau «interrogés» par le DRS sur leur implication dans les dossiers de corruption, de trafic d’influence et d’enrichissement illicite. Même si – une évidence que d’aucuns veulent transformer en hypothèse – le général Toufik devra faire valoir ses droits à la retraite et céder sa place un jour ou l’autre, comme le commun des mortels.
M. A.-A.
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