L’Union européenne rejette le paiement de rançons aux terroristes
Dans leurs conclusions adoptées lundi à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne rejettent «sans ambiguïté», et avec insistance, le paiement d'une rançon en cas d'enlèvements perpétrés par des groupes terroristes ainsi que l'octroi de concessions politiques aux terroristes. Le Conseil des affaires étrangères qui fait part de «sa vive inquiétude quant à la menace que constituent les enlèvements contre rançon perpétrés par des groupes terroristes, notamment en Afrique de l'Ouest, au Yémen et en Syrie», les considère comme «une source de financement des terroristes» destinée à renforcer leur capacité à s’attaquer aux intérêts des pays de l’UE. Le Conseil souligne que «les groupes terroristes utilisent l'argent qu'ils se procurent grâce aux enlèvements pour renforcer leur capacité opérationnelle, se livrer à des trafics illégaux, recruter de nouveaux membres, et acheter des armes et de l'équipement en vue de lancer et de planifier de nouvelles attaques». Se plier aux exigences des terroristes dans ce cas équivaut, fait savoir le Conseil des affaires étrangères, à les «encourager à perpétrer de nouveaux enlèvements et augmentent les risques pour nos citoyens et nos intérêts». Il se réfère aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur cette question et réaffirme «l'engagement des Etats membres à respecter ces résolutions, notamment l'obligation d'empêcher les terroristes désignés dans le régime de sanctions des Nations unies concernant Al-Qaïda de profiter de rançons, y compris par le gel des fonds et d'autres actifs». Mais avant tout, pour le Conseil des affaires étrangères de l’UE, il ne faut pas payer de rançon pour obtenir la libération d’otages détenus par des terroristes, même s’il reconnaît «la nécessité de soutenir les personnes qui sont touchées par les enlèvements contre rançon et de se soucier tout spécialement de protéger la vie des otages». On sait que les conditions de la libération d’otages français, ces derniers mois, ont soulevé, à chaque fois, la question, sans pouvoir la trancher, de l’éventuelle contrepartie accordée aux terroristes, notamment sous forme de paiements de rançons. Selon des sources concordantes, les libérations successives d’otages français auraient été obtenues en échange de versements de dizaines de millions d’euros aux terroristes, par des voies détournées, pour ne pas impliquer les autorités officielles. Les conclusions du Conseil des affaires étrangères de l’UE seront-elles strictement respectées par les Etats membres vulnérables à la pression de leurs opinions publiques et aux considérations politiques internes qui en découlent ?
Kamel Moulfi