Session du comité central du FLN : Saïdani réussit son coup de force
Amar Saïdani a bien réussi son coup de… force. Les travaux du comité central du FLN se sont déroulés comme prévu, avec son ordre du jour et sans ses principaux détracteurs, laissés moisir dans le hall de l’hôtel El Aurassi. Leurs vives protestations n’ont pas fait bouger les nombreux autres membres du comité central, présents dans la salle de réunion. La pression d’Abdelaziz Belkhadem pour faire rentrer le groupe d’Abderrahamne Belayat, frappé par une interdiction de participer à cette session, si elle a provoqué des heurts n’a abouti à rien de concret. Son refus de prendre part aux travaux sans la participation des autres membres interdits d’accès, dont Belayat, Abdelaziz Ziari, Amar Tou, Layachi Daadoua, n’a pas empêché Saïdani de tenir la session et de voter la résolution de politique générale. Les cris de ses contestataires, regroupés devant la porte d’accès à la salle de réunion, ont été inaudibles pour les organisateurs de cette session, déterminés à aller au bout de leur logique. Ainsi, Abdelaziz Belkhadem a fini par désarmer et rentrer chez lui, sans avoir pu imposer le vote d’un nouveau secrétaire général lors de cette session. Les tentatives de convaincre le précarré de Saïdani d’aller vers l’urne pour faire revenir la légitimité perdue à la direction nationale ont été sans résultats. Revigoré par la réélection du président Bouteflika, Amar Saïdani, qui se présente comme l’artisan de cette victoire unique dans les annales de la politique, ne sent plus le besoin de «négocier» ou d’aller vers un «compromis». Ayant bien préparé la rencontre en amont, en passant un accord tacite avec le groupe d’Abdelkrim Abada, farouchement opposé au retour de Belkhadem à la tête du parti, Amar Saïdani a donc pu sauver sa tête et créer un contexte favorable à son maintien définitif au poste de SG jusqu’à la tenue du 10e congrès, et peut-être même au-delà de cette échéance. Car ses soutiens se sentent si forts qu’ils ne vont pas lâcher de sitôt et feraient tout pour que le congrès soit un plébiscite pour Saïdani qui, faut-il l’admettre, a bien damé le pion à Belkhadem. Le FLN va donc vivre sous haute tension jusqu’au prochain congrès. Les contestataires ne vont pas se taire et continueront à dénoncer le manque de légitimité de la direction actuelle et essayer de créer un rapport de force en leur faveur. Et en attendant, Saïdani peut savourer sa victoire…
S. Baker