L’ex-candidat à la présidentielle Ali Benflis répond à Ouyahia : «Vous dialoguez avec vous-mêmes !»
Le coordinateur du Pôle des forces du changement, Ali Benflis, a confirmé son refus de participer au processus de révision de la Constitution dont il dit qu’il a été «ouvert et conduit à sa seule convenance par le régime en place», une appellation qu’il préfère, de façon sans doute significative, à «pouvoir». Vendredi dernier, dans sa conférence de presse, Ahmed Ouyahia, qui mène les consultations dans ce cadre, avait lancé un appel aux «boycotteurs» du processus pour y prendre part. Il reçoit une réponse négative d’Ali Benflis, qui milite pour une autre voie de sortie de la crise, celle du «changement démocratique qui instaurerait l’Etat de droit et des libertés, la légitimité, la représentativité et le fonctionnement ordonné des institutions, la bonne gouvernance, ainsi que la réhabilitation pleine et entière de la citoyenneté et du choix du peuple souverain». Il le fait savoir dans un communiqué, dont Algeriepatriotique a reçu une copie, qui porte sur la réunion du Pôle des forces du changement tenue le 24 juin, autour de l’évaluation des résultats atteints par la Conférence pour les libertés et la transition démocratique. Ali Benflis trouve d’abord que, dans la conduite du processus mené par Ouyahia, le régime en place manifeste «plus un souci statistique qu’un souci politique». Il en donne pour preuve les chiffres et les pourcentages de participation à ce processus, donnés au cours de sa conférence de presse, par Ahmed Ouyahia, qu’il ne cite pas nommément. Pour Ali Benflis, cet étalage ne change rien à la réalité d’«un régime qui dialogue avec lui-même». Il énumère ses griefs contre ce processus : la révision constitutionnelle ne peut pas être la solution à la crise politique ; loin d’être consensuel, ce processus divise les forces politiques économiques et sociales du pays ; c’est un simple moyen par lequel le régime en place vise à faire diversion et gagner un sursis. Conclusion : la Constitution qui en sortira ne sera pas celle de la République. Ali Benflis appelle l’opposition à adopter une plateforme d’action politique commune et à élaborer un «plan d’action permettant d’investir le terrain politique aux fins de mobilisation et de sensibilisation». La conférence pour les libertés et la transition démocratique a créé une dynamique de convergence entre les différentes composantes de l’opposition qu’il s’agit maintenant, selon lui, de préserver et consolider. Comment ? Par la mobilisation la plus large autour de l’objectif du changement démocratique qu’il veut «ordonné, consensuel et graduel». Le Pôle des forces du changement affirme sa détermination à être «une partie agissante et effective au sein de l’opposition nationale et une partie soucieuse d’œuvrer aux côtés des autres forces politiques et sociales à la réalisation des objectifs communs». Ali Benflis se place sur le terrain concret des luttes quand il appelle l’opposition nationale à préparer et prendre en charge dès maintenant les étapes et échéances futures. Il souligne que «la crise de régime profonde que traverse notre pays et la gravité des menaces et les lourdes incertitudes qui pèsent sur son environnement régional» imposent des responsabilités politiques d’une importance extrême à l’opposition.
Kamel Moulfi