L’Etat et les ordures
Par Kamel Moulfi – La télévision publique a pris des couleurs vives pour accompagner les opérations de relogement d’avant-Ramadhan. Tout le monde a trouvé les nouveaux logements beaux et la cité convenablement viabilisée, la cité «idéale», aurait-on dit. Les plus lucides, et ils sont nombreux, contrairement à ce que croit le pouvoir, n’ont pas manqué d’émettre quelques réserves et ont donné rendez-vous «dans quelques jours» pour découvrir la réalité. Faut-il s’en réjouir, évidemment non, mais les premières photos de l’envers du décor n’ont pas tardé à être diffusées, et elles sont pour le moins édifiantes, sans jeu de mots. Il y a de quoi tomber des nues : à peine trois ou quatre jours plus tard, le «bijou» qui a épaté les téléspectateurs crédules est en train de se transformer en dépotoir à ciel ouvert. Un pays incapable de gérer ses ordures est un pays qui est condamné au sous-développement ! Et que l’on n’accuse pas les citoyens d’être sales, comme le font certaines autorités trop facilement pour cacher leur incurie, ce sont les gouvernants qui sont incompétents et inaptes. Les preuves de leur incapacité à bien faire les choses s’accumulent à chacune de leurs «initiatives» intéressées. En fait, cette dernière opération de relogement lancée à Alger et d’autres localités dans le pays, à la veille du Ramadhan, a confirmé qu’il s’agit d’une démarche à caractère publicitaire qui relève du «commerce du pouvoir», pour reprendre un concept utilisé par Ali Benflis. L’opération est montée comme un spectacle avec le même scénario, les mêmes images, les mêmes paroles, les mêmes acteurs et le film passe au moment du journal télévisé sur les chaînes publiques. L’objectif est d’impressionner en montrant le «bonheur» des uns pour appâter les autres. Les caisses de l’Etat étant pleines grâce aux recettes des ventes des hydrocarbures, il ne suffit de rien d’autre que d’y puiser pour jeter cette poudre aux yeux. Pas besoin de penser, pas besoin de réfléchir, acheter et payer, voilà à quoi revient le travail des gouvernants, puisqu’il n’y a pas de problème de «budget» et donc de financement. Dans le fond, rien ne change.
K. M.
Comment (23)
Les commentaires sont fermés.