Patriotes jusqu’aux tripes
Par Kamel Moulfi – Le commentaire sur la qualification des Verts aux huitièmes de finale de la Coupe du monde, un fait sportif «historique» comme l’ont noté tous les médias, est inévitable, d’autant plus qu’il y a beaucoup à dire, et personne ne s’en prive d’ailleurs. On l’a signalé et répété : cette équipe est formée de joueurs, pour la plupart nés et formés à l’étranger, mais on a tendance à occulter leur qualité d’Algériens dans la dimension essentielle, celle de la fibre patriotique. On comprend pourquoi ils sont entourés, jusqu’à la «symbiose», par tout leur peuple. Derrière le soutien sans faille des supporters, il y a la passion, non pas tellement pour le football, mais pour l’Algérie, la même passion que celle qui a motivé les Verts dans leur match contre la Russie. Ils ont réussi un exploit inestimable : faire voir l’image du drapeau national accompagnée par Kassaman sur les écrans de toute la planète autant de fois que cette équipe dispute de matches. La tentative de manipuler l’opinion, après le premier match perdu contre la Belgique, en accablant l’entraîneur Vahid Halilhodzic, est maintenant relayée par la tentation de récupération politicienne des succès de cette équipe, une tentation à laquelle le pouvoir n’a jamais pu résister quel que soit le domaine, et le football – de surcroît, la Coupe du monde – en a toujours donné l’occasion la plus privilégiée ; cette fois-ci, plus que d’autres, avec une unanimité dans la population qui fait rêver les chercheurs de consensus. La population algérienne, transformée dans toutes ses composantes en supporters de l’équipe nationale, s’en est tenue au slogan patriotique forgé depuis longtemps : «One, two, three, viva l’Algérie !» Toute la gloire revient à l’Algérie et s’ils citent des noms dans les chansons qu’ils inventent dans ces circonstances, ce sont ceux de leurs héros, les joueurs qui mouillent le tricot sur le terrain pour hisser le nom de leur pays dans la cour des grands, parmi la crème de l’élite. Les supporters ont montré qu’ils n’avaient pas besoin d’un encadrement «politique» officiel qui les oriente dans leurs slogans et chansons. La seule référence à la politique, ils l’ont réservée à la solidarité avec la Palestine qu’ils n’oublient pas et qu’ils tiennent à associer à la joie de la victoire. Une exception qui n’est pas sans signification.
K. M.
Comment (30)
Les commentaires sont fermés.