La LADDH dénonce le silence sur des détenus en grève de la faim
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) s’élève contre l’injustice subie par des détenus qui ont déclenché, il y a trois jours, une grève de la faim à la prison de Laghouat. Dans un communiqué signé par le président de son bureau local, Yacine Zaïd, la LADDH fait état de la grande inquiétude des familles de ces détenus qui se sont relayées au siège local de cette organisation de défense des droits de l’Homme. Arrêtés lors des affrontements du 8 juin, éclatés à cause d’une opération de distribution de logements sociaux, ces détenus expriment leur colère. La LADDH dénonce ainsi «une comparution expéditive devant le juge» le 10 juin, «où les droits de la défense n’ont pas été respectés». La majorité des inculpés est accablée de peines allant jusqu'à 2 années fermes avec amendes. «Il est clair que le système juridique a perdu le sens du devoir et la notion de déontologie. Il est au service et fait partie d’un appareil répressif qui s’étend de l’administration jusqu’au système juridique, en passant par l’appareil policier», regrette Yacine Zaïd pour lequel «ce sont les composantes du régime dictatorial qui exercent en toute impunité une répression sans précédent depuis les dernières élections. Les autorités locales se croyant être assurées d’avoir totalement étouffé toute velléité d’expression». «Mais par ce geste de désobéissance pacifique entamé en pleine période caniculaire à la veille du mois de Ramadhan, les détenus visent à souligner le caractère injuste de cette loi qui devient une menace permanente pour le citoyen du fait de la prééminence de l’Etat de non-droit», explique-t-il. La LADDH, qui dit avoir déjà alerté sur les exactions des responsables locaux, prévient de l’impasse à laquelle aboutit le non-respect des droits des citoyens. Elle signale, en outre, le fait que le pouvoir non seulement n’arrive pas à assurer la sécurité du citoyen, mais qu’il constitue la source même de l’insécurité. Pour la Ligue, il est prévisible que «les agissements d’un pouvoir qui échappe à tout contrôle puissent cibler et s’abattre sur tout individu, devenant le plus grand danger pour le citoyen et la société». Elle appelle dans ce contexte les responsables, notamment ceux de la justice, d’agir pour réparer cette injustice en écoutant le cri de détresse de ces détenus en ce début de Ramadhan.
S. B.