Les imams de la peur
Par Kamel Moulfi – Sur une chaîne de télévision privée algérienne, dont il importe peu de connaître le nom, le plus important étant le fait, l’émission religieuse est livrée à un imam (barbu bien sûr) qui explique à des enfants terrorisés, ils ont 7 ou 8 ans au maximum, ce qui les attend dans leur… tombe. Incroyable : parler de la mort à des enfants, et de cette manière ! Certes, ce n’est pas nouveau, et les plus surpris n’ont peut-être pas connu ou vécu la période de la fin des années 1980, quand les islamistes avaient inauguré leur campagne de propagande par des affiches posées dans les écoles et autres établissements scolaires pour «promettre» les pires châtiments dans leur tombe à des enfants et adolescents, à peine entrés dans la vie et encore innocents, s’ils ne se conduisaient pas selon une interprétation extrémiste, totalement étrangère à notre façon traditionnelle de vivre l’islam, en réalité selon des préceptes tirés de «leur religion». Il y a sans doute des spécialistes qui analysent le contenu de ces prêches extrémistes que l’on entend habituellement dans certaines mosquées et qui tentent maintenant d’occuper une place dans le nouveau système audiovisuel qui émerge avec l’éclosion de nombreuses chaînes de télévision privées. Le contenu des prédications non seulement n’a rien d’éducatif, en enseignant par exemple le civisme et le bon comportement en société avec les autres, mais est tout simplement dangereux. Le faux prétexte que ces imams de la peur et de la haine saisissent, ils le trouvent dans les habitudes que prennent les enfants et les jeunes, assimilées à des pratiques étrangères, voire aux mauvaises mœurs venues de l’Occident. Il ne s’agit pas de la bidâa (hérésie) qui vaut à son auteur l’enfer, parce qu’il s’est rasé ou ne porte pas le kamis, ou porte un pantalon qui dépasse la cheville, mais de gestes de tous les jours qui relèvent de la liberté de chacun, s’habiller comme bon lui semble ou mâcher un chewing-gum. Les fonctionnaires du ministère des Affaires religieuses qui ont l’œil sur les mosquées devraient suivre de près le contenu de ce qui se dit au nom de l’islam, à destination des enfants, sur les chaînes de télévision privées.
K. M.
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