Sarkozy et nous
Par Kamel Moulfi – L’ex-président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen – autrement dit, inculpé – cette nuit pour corruption active. En France, la nouvelle a totalement éclipsé dans l’actualité la qualification des Bleus aux quarts de finale de la Coupe du monde de football, un événement qui bénéficie pourtant à l’échelle planétaire d’une médiatisation exceptionnelle. Mais la mise en examen intervenue à l'issue d'une garde à vue d'une quinzaine d'heures d’un ex-chef de l'Etat est unique sous la Ve République française. Le fait a été largement décortiqué par les médias en France. Il en ressort essentiellement la collusion des hommes politiques avec le «milieu» de l'argent, une situation qui a surgi sur la base de ce qui ressemble à une nouvelle «doctrine», dans laquelle même l’Algérie, d’ailleurs, est entrée de plain-pied, comme le prouvent les suspicions relayées par l’opinion publique concernant les financements des élections et, depuis quelques jours, y compris les pressions exercées pour les nominations à de hauts postes dans le secteur économique public. Naturellement, la parade à cette dérive devrait revenir à la justice. L’exemple qui vient de France le montre bien : quand la justice est véritablement indépendante, même un chef d’Etat n'y échappe pas. C’est le parquet national financier, créé au début de cette année et chargé spécialement de traquer la grande délinquance financière, qui a donné les motifs de l’inculpation de Sarkozy : corruption active, trafic d'influence et recel de violation du secret professionnel. Evidemment, les amis de Sarkozy mettent en cause l’indépendance de la justice française et trouvent qu’elle est instrumentalisée par les politiques pour produire ce qu’ils qualifient d’acharnement contre l'ancien président de la République, parce qu’ils craignent son retour sur la scène. Mais, rétorque Valls, «en France, personne n'est au-dessus des lois». Une situation à méditer, si on tente de faire le parallèle avec ce qui se passe chez nous. Nous avons encore beaucoup à apprendre.
K. M.
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