Les Mozabites aux dirigeants du pays : «Ghardaïa brûle !»
Ce sont des Mozabites très en colère qui se sont rassemblés ce matin devant la Maison de la presse Tahar-Djaout à Alger. Menus de pancartes et de banderoles, les représentants de la société civile de Ghardaïa se sont élevés contre la dégradation de la situation sécuritaire dans la vallée du M’zab, «livrée, selon eux, aux mains de groupes terroristes agissant sous la houlette de Mokhtar Belmokhtar», qui s’est exilé au nord du Niger. L’assassinat d’un jeune de 17 ans au quartier «Bouhraoua», à quelques encablures de la route nationale n°1, est, pour eux, la goutte qui a fait déborder le vase. «Trop, c’est trop», disent-ils en référence au nombre d’assassinats enregistrés ces derniers mois. Le jeune de Bouhraoua est la huitième victime, une victime de trop qui n’augure rien de bon pour l’avenir de «la population locale qui vit dans la peur et l’insécurité totale». «Nous sommes là pour attirer l’attention de l’opinion publique nationale sur ce qui se passe à Ghardaïa. Nous sommes là pour nous élever contre ces assassinats en série qui sont l’œuvre de groupes terroristes qui infestent depuis quelque temps la vallée du M’zab. On en a marre de vivre la peur au ventre, de ne plus pouvoir vaquer à nos occupations, bref, on veut mener une vie normale», fulmine un des représentants de la société civile mozabite qui en a gros sur le cœur. Les manifestants, une cinquantaine environ, ont brandi des pancartes à travers lesquelles ils dénonçaient le pourrissement de la situation à Ghardaïa et surtout la passivité des autorités à faire face à la multiplication d’actes terroristes, dans l’impunité totale. Pour frapper plus les esprits, ils exhibent les portraits des victimes et scandent : «Y en a marre de Belmokhtar», «Koulouna jazairiyin (tous des Algériens)» ou encore «Que cesse l’impunité». Sur certaines pancartes, on peut lire encore «Ghardaïa brûle», «Sommes-nous en Algérie ?», «Stop au terrorisme». Les manifestants interpellent vivement les «bonnes consciences» au niveau de l’Etat pour remédier à cette situation en «chassant les terroristes» et faire régner l’ordre républicain. Parallèlement, un autre sit-in a été organisé à Ghardaïa devant le siège de la wilaya. Les Mozabites veulent ainsi des actions concrètes qui mettront fin à l’enfer qu’ils vivent au quotidien.
S. Baker