Après avoir échoué dans sa stratégie du «qui tue qui» : la France exhume le dossier Mécili

Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de la Justice française, Christiane Taubira, et publiée par le journal électronique Rue 89, Annie Mécili, veuve de l’homme politique algérien Ali Mécili, assassiné en 1987 à Paris, cherche à relancer l’enquête sur l’affaire de l’assassinat de son mari, en voulant la lier au sort d’une autre affaire, celle de l’assassinat des moines français de Tibehirine. Annie Mécili a-t-elle bien choisi le timing – la veille du défilé du 14 Juillet qui fait aujourd’hui polémique – pour exhumer cette affaire et tenter d’alourdir davantage le climat jamais assaini entre les deux rives de la Méditerranée ? Car au-delà des préoccupations légitimes des familles des victimes, on sait que ces deux affaires sont, à chaque fois, brandies comme l’épée de Damoclès pour exercer du chantage sur Alger. Dans sa lettre, la veuve Mécili se dit interpellée par le nouveau report «sans explication», à ses yeux, du voyage prévu par le juge Marc Trévidic à Alger, dans le cadre de sa mission d’expertise. Vingt-sept ans après les faits, la veuve Mécili persiste à croire à l’existence d’«un pacte de silence» entre Paris et Alger qui aurait conduit, d’après elle, au renvoi en Algérie de l’assassin présumé, interpellé dès le 10 juin 1987 et expulsé en urgence absolue sur décision du ministre délégué à la Sécurité de l’époque. Elle compare le sort réservé à cette affaire à l’absence de «coopération judiciaire» de l’Algérie avec le juge Trévidic. La veuve Mécili a rappelé ici à la ministre Taubira son engagement pris en 2007 devant elle et le leader du FFS Hocine Aït Ahmed, compagnon d’Ali Mécili, pour faire avancer l’affaire. Se sentant aujourd’hui comme lâchée, elle écrit : «Désormais, il y a urgence : le nouveau juge d’instruction en charge de cette affaire nous a avisés que l’information lui paraissait terminée et qu’à l’issue des délais prévus, l’ordonnance de règlement pourrait être rendue. Comment peut-on l’envisager dans un dossier aussi complexe, montrant clairement l’implication des services de sécurité algériens ?» Elle ne comprend pas que le dossier soit déclaré clos, alors que deux mandats d’arrêt internationaux ont été délivrés par le juge d’instruction en décembre 2007. «Et l’on voudrait aujourd’hui clore le dossier comme si on reconnaissait à un Etat étranger le droit de paralyser l’action judiciaire en France alors qu’il faudrait justement ne jamais cesser d’en exiger des réponses», clame-t-elle. Elle rappelle également l’annonce faite par Laurent Fabius, de retour d’Alger, que le juge Trévidic «pourrait enfin être autorisé» à se rendre en Algérie. Annie Mécili, qui parle de son défunt mari comme un citoyen français avant tout, redoute sérieusement un traitement discriminatoire. Elle demande à la ministre de la Justice d’intervenir pour rendre impossible la clôture du dossier qui l’occupe tant que la vérité n’est pas encore faite sur le meurtre d’Ali Mécili, alors qu’elle n’hésite pas, elle-même, de l’attribuer aux services de sécurité algériens.
R. Mahmoudi
 

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