Pas convaincant !
Par Kamel Moulfi – Plus on relit l’argument présenté par notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, pour justifier la présence de militaires algériens au défilé du 14 Juillet à Paris, plus on voit qu’il est tiré par les cheveux, autrement dit : pas convaincant du tout. Il s’agirait, selon lui, pour le peuple algérien, d’honorer «ses propres contributions à la liberté à travers le monde», on se demande en quoi la Première Guerre mondiale a été une guerre pour la liberté alors qu’elle a été provoquée, en Europe, à la suite de l’exacerbation de rivalités égoïstes nourries par des visées expansionnistes, y compris de nature coloniale. Le ministre explique ensuite que «l'Algérie participera, dans le même format et dans les mêmes conditions que quatre-vingts autres nations dont des citoyens sont tombés sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale». «Comme les autres» : est-ce l’amnésie qui nous fait nier le fait que l’Algérie, à l’égard de la France, n’est pas «comme les autres» ? Il n’y aurait donc pas eu cette résistance algérienne farouche au colonialisme français, qui a coûté à notre peuple 1,5 million de martyrs ? L’hommage à la «contribution à la liberté» doit être plutôt rendu aux Algériens, victimes des «enfumades» et des «emmurades» ordonnées par Bugeaud, Cavaignac, Pélissier, Saint-Arnaud et autres criminels de l’armée coloniale française. Et la guerre de Libération – elle est encore toute fraîche dans les mémoires et ses acteurs-témoins sont encore vivants – oubliée déjà par les officiels ? L’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale sera mieux exploitée si nos autorités en profitent pour dénoncer les conditions ignobles de l’enrôlement des «indigènes», c'est-à-dire nos malheureux mais fiers aînés, dans une armée qui n’était pas la leur et qui, de surcroît, occupait notre pays, pour aller faire une guerre qui n’était pas celle de notre peuple. Il est clair que la décision du gouvernement d’envoyer des militaires algériens participer à ce défilé en France va à l’encontre de l'opinion qui domine à ce sujet en Algérie. Pourquoi s’obstiner alors à la maintenir ?
K. M.
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