Affaire des moines de Tibhirine : aucune date n’a été fixée pour la venue du juge Marc Trévidic

Le juge français Marc Trévidic, chargé de l'enquête sur l'assassinat des moines français de Tibhirine en 1996, désespère de venir enquêter en Algérie. Bien que l'Algérie ait accepté qu'il vienne pour faire procéder à l'autopsie des têtes des religieux décapités, le magistrat antiterroriste n’a toujours pas obtenu une date fixe pour effectuer ce déplacement. Les autorités algériennes ne lui ont pas encore adressé une invitation officielle. Excédé, il se demande, dans une déclaration à France Inter, si on ne se moquait pas de lui. «Je n'ai pas de date. Je ne comprends pas ce qui se passe», a déclaré aujourd’hui mercredi M. Trévidic pour lequel «la justice algérienne a promis que ça se ferait, mais rien ne se passe». «En septembre- octobre, une bonne fois pour toutes, il va falloir savoir si on se moque de nous ou pas », a-t-il poursuivi. La visite de ce juge français a été confirmée par les autorités françaises. En juin dernier, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait assuré que le juge antiterroriste français Marc Trévidic pourrait être autorisé à se rendre en Algérie «dans les jours qui viennent». Fabius, qui revenait d’une visite de travail de deux jours en Algérie, avait insisté sur le fait que les autorités algériennes ne refusent pas la venue de ce juge. Il précise avoir eu des assurances du Premier ministre Abdelmalek Sellal et du ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. Le juge Trévidic avait reporté son voyage en Algérie à deux reprises en raison de l’absence d’une autorisation officielle. Le Quai d’Orsay s’est déjà exprimé sur le sujet lors de l’annonce du report de la visite du juge Trévidic le 30 mai dernier. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, avait en effet assuré qu’il ne s’agissait pas d’une annulation. «La visite de M. Trévidic à Alger en novembre dernier s'est bien déroulée et a constitué une étape positive dans l'exécution de cette demande d'entraide. Les autorités judiciaires françaises et algériennes sont actuellement en contact étroit pour préparer la prochaine visite de M. Trévidic en Algérie, dont le principe n'est pas remis en cause et qui devrait se tenir prochainement», a précisé le porte-parole, selon lequel «il est de l'intérêt de tous de connaître la vérité et notamment les circonstances de la mort des moines de Tibhirine». Le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh, avait assuré qu'il n'existait «aucun différend» entre les justices algérienne et française concernant cette enquête. Lors de cette visite, le juge compte se rendre à Tibhirine pour faire exhumer et expertiser les têtes des sept moines, enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère près de Médéa (nord-ouest). «Un juge qui fait une enquête est obligé de faire une autopsie dans une affaire criminelle», a expliqué M. Trévidic. «Personne ne comprendrait qu'elle n'ait pas lieu.»
S. Baker
 

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