Y a-t-il un nouveau Le Pen ?
Par Kamel Moulfi – Dans son interview que nous publions aujourd’hui, Jean-Marie Le Pen est à peine reconnaissable et si on biffait son nom ainsi que la mention de son parti politique, le Front national, bien peu sans doute devinerait qu’il s’agit de lui. Dans la mémoire des Algériens, il est dans le même «panier» que les officiers parachutistes tortionnaires responsables des disparitions et autres exécutions sommaires. A ce passif, s’ajoute, dans la perception que l’on a de lui, aujourd’hui, l’image du dirigeant politique d’extrême droite raciste. Les propos qu’il tient à Algeriepatriotique semblent trancher avec cette dernière réputation, comme s’il était forcé de tenir compte des réalités. Y a-t-il un nouveau Le Pen ? A-t-il voulu en annoncer la couleur, à l’égard de l’Algérie, il y a quelques jours, quand il a eu des mots de sympathie pour notre équipe nationale qui a participé à la Coupe du monde, en l’associant aux félicitations qu’il a adressées à la France et à l’Allemagne, ces dernières pour leur qualification aux quarts de finale ? Tous ceux qui le connaissent ont été surpris par cette sortie inattendue, les Français, sans doute, d’abord, mais les Algériens aussi. Le Pen se défend d’être raciste ou contre les immigrés, notamment d’origine algérienne. «Ni le Front national ni moi ne sommes contre les immigrés», affirme-t-il, mais il ne leur reconnaît pas la liberté de vivre, en France, selon leurs cultures. Pour lui, si les immigrés sont en France, c’est parce que «dans le pays qui les a vus naître, ils n’ont pas la vie qu’ils souhaiteraient avoir». Naturellement, le plus intéressant dans cette interview, c’est lorsqu’il aborde des sujets qui fâchent moins et sur lesquels, au contraire, son appréciation converge avec celle qui domine dans l’opinion publique algérienne. Il en est ainsi de ses positions anti-américaines à propos de l’intervention des Etats-Unis en Irak et en Libye ou de ce qu’il pense de cette marionnette de Bernard-Henri Lévy, un «pousse au crime» comme il le qualifie et pour lequel, exactement comme nous, il n’a aucune estime. Seulement, il y a cette page, qui n’a pas été tournée, de sa présence, comme engagé au sein des parachutistes, dans le camp qui a fait une guerre horrible à l’Algérie, au moment où d’autres Français, en amis, portaient les valises pour les nôtres.
K. M.
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