Mimétisme stérile
Par Meriem Sassi – Le changement de gouvernement, et le remplacement de plusieurs de ses membres titulaires depuis plus de dix ans pour certains par de nouvelles têtes, a-t-il réellement apporté quelque chose aux différents secteurs ? A voir et à écouter les nouveaux membres de l’Exécutif lors de leurs déplacements, souvent dictés par des directives du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui veut de la «visibilité» avant tout, il est légitime d’en douter. Les différents départements ministériels reproduisent, en effet, les mêmes schémas et les mêmes réflexes de gestion : vieux dossiers sortis des tiroirs ; programmations d’assises et de rencontres sans but précis, ni obligation de résultat, ni calendrier de mise en route des éventuelles décisions ; discours creux ; apparitions devant les caméras lors de réunions avec des partenaires étrangers qui s’en iront sans rien conclure, mis à part des paraphes de bonnes intentions, etc. Autant de comportements vus et revus depuis des années. Jusqu'à présent, ni les départements clés de l’économie n’ont amorcé un quelconque changement qui pourrait booster la production et l’emploi, ni les autres secteurs, tels que ceux de l’éducation, de la jeunesse, de la culture et des sports, n’ont annoncé un quelconque programme qui tranche avec les anciennes méthodes infécondes qui ont engendré, ces dernières années, analphabétisme, incivisme, intégrisme et autres maux gangrenant la société. Aux secteurs de l’industrie et du commerce, des transports ou encore des travaux publics, les mêmes discours sont entendus et les mêmes réflexes sont reproduits, alors que des chantiers sont gelés, les délais de réalisation repoussés sans cesse et les usines fermées malgré des budgets de relance et d’assainissement colossaux. A l’éducation qui est sous les feux de la rampe à l’occasion des résultats des examens de fin d’année, on entend malheureusement les mêmes discours, malgré l’espoir suscité par la nomination de la nouvelle ministre. Nouria Benghabrit a, par exemple, affirmé qu’on était encore «loin d’atteindre l’objectif de 70% de réussite au baccalauréat à l’horizon 2015», appelant à l’accompagnement de la scolarité des élèves par «la généralisation du système des cours de soutien à tous les élèves des classes d’examen.» Une promesse qui fait bondir les parents d’élèves qui attendent que la refonte touche enfin le cœur de l’Ecole et diagnostique ses faiblesses, pour permettre une scolarité épanouie aux nouvelles générations. Au vu de ce constat, il semble évident que le mal est enraciné et que la nomination de nouveaux ministres, quelles que soient leur «renommée» ou leur intégrité en tant que citoyens, n’est pas la panacée.
M. S.
Comment (14)
Les commentaires sont fermés.