Quel consensus pour Ouyahia et les trois «F» ?

Un consensus est possible, disait Ouyahia quand il ne rencontrait pour discuter de la Constitution que ceux qui étaient plus proches du pouvoir que de l’opposition. Il est de coutume de dire d’un pouvoir qui parle à lui-même qu’il «chante tout seul». A ce moment, les choses sont claires. D’un côté, le pouvoir, de l’autre, l’opposition. Cela ne veut pas dire que dans l’opposition, il n’y a que les opposants authentiques. Le concept d’opposition a évolué. Pratiquement, est catalogué dans l’opposition celui qui cesse d’être au pouvoir, car il aura rompu les amarres avec ceux qui y sont et qui aspirent à y retourner par des élections ou par des désignations au titre de la transition. Le consensus est devenu une réalité, selon ce qu’Ouyahia veut faire savoir. Qu’est-ce qui a tant changé pour passer du possible à la réalité ? Simplement parce que le FFS et d’anciens dirigeants du FIS ont rendu visite à Ouyahia ? Rendu visite (pour le FFS particulièrement) signifie-t-il discuter de la révision de la Constitution ? On ne voit pas le FFS et Ouyahia se rencontrer à la Présidence pour se dire bonjour autour d’un café. Autant pour le FFS que pour les anciens dirigeants du FIS. Remarquons (c’est important) que les dirigeants du FFS et du FIS ont également «rendu visite» à l’opposition qui a boycotté l’élection présidentielle et qui réclame l’organisation d’une transition. Si on se rapporte aux trois «F», Ouyahia pouvait parler de consensus autour de la révision de la Constitution, car il aura reçu la majorité issue des élections législatives du 26 décembre 1991. Consensus entre les trois «F» ou consensus entre ces derniers et le pouvoir ? Serait-ce un nouveau dialogue entre le pouvoir et l’opposition que tentent d’amorcer les dirigeants du FFS et du FIS ? Une passerelle sollicitée, investie de pouvoirs de coordination, ou simplement des initiatives partisanes ? Une «remémorisation» stratégique des vainqueurs de l’élection avortée à compléter par le FLN ? Plutôt du grand vainqueur et des deux seuls futurs opposants au sein de l’APN ? Une nouvelle réconciliation qui voudrait se construire à partir de janvier 92 ou contre janvier 92 ? Le FLN de Saïdani avait tenté d’anticiper sur cette nouvelle stratégie en invitant Aït Ahmed. Mais il semble que le FFS tient d’abord à apparaître comme maître de son initiative, ceci d’une part, d’autre part, il devait avoir introduit la donnée d’un Saïdani projeté sur la place publique. Serait-elle obtenue la garantie que seront tues pour toujours les divergences idéologiques, sources permanentes des intolérances, des conflits, des insécurités et des instabilités ?
Bachir Medjahed
 

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