Situation dégradée
Par Kamel Moulfi – Le commerce informel que l’on croyait en voie d’éradication, depuis l’annonce d’opérations musclées commencées il y a deux ans contre ses innombrables marchés et étalages de rues, connaît en ce Ramadhan un nouvel essor, perceptible dans tous les endroits publics squattés par les vendeurs illégaux qui proposent toutes sortes de marchandises, importées le plus souvent. C’est le signe évident de l’inefficacité des services de l’Etat à mener à bien une action qui relève à la fois de la salubrité publique et de la défense de l’économie nationale. Ni l’une ni l’autre de ces motivations ne semblent suffisantes à convaincre de l’urgence, pour les pouvoirs publics, à intervenir sur ce fléau. Un grand plan de «nettoyage» avait été lancé il y a deux ans pour débarrasser la capitale d’abord, et aussi tous les centres urbains du pays du commerce de rues, mais, à ce jour, celui-ci prospère, de plus belle d’ailleurs, dans l’informel au détriment des commerçants qui s’acquittent de leurs obligations légales et de la production nationale soumise à une concurrence déloyale. Le plan de lutte contre l’informel a échoué, tout comme a échoué le fameux «nettoyons les villes !» qui consistait pourtant, seulement, à ramasser les ordures et laver les trottoirs, une opération sans «ennemi » réel et donc sans risque et qui, au contraire, rencontre l’adhésion de tous, mais là aussi l’inefficacité des services de l’Etat reste inexpliquée. Depuis des années, durant le Ramadhan, le ministère du Commerce bat tous les records de publication de communiqués sur le «contrôle de la qualité» et sur la «répression de la fraude», mais jamais il n’a pu surveiller la sphère informelle, tout simplement parce qu’elle ne relève pas de ses prérogatives ; heureusement pour ses agents, à qui est épargnée la mission impossible de faire respecter la loi algérienne qui interdit toute vente et tout commerce non déclaré et autorisé. Dans la «drôle» de guerre menée contre l’informel, c’est l’illégalité qui prend le dessus. Las d’attendre, déçus par l’inefficacité des pouvoirs publics et attirés par le gain facile, des pans entiers du secteur formel, producteurs et commerçants, se sont mis à fournir le marché informel, rendant la tâche plus difficile qu’il y a deux ans. Cela s’appelle : une dégradation de la situation.
K. M.
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