Les Palestiniens de Ghaza entre la dictature islamiste du Hamas et la barbarie fasciste israélienne
C’est la symbolique que renvoient ces images rapportée ce matin, montrant des femmes toutes voilées fuir massivement leurs maisons, après l’ultimatum donné par l’armée israélienne, à travers des tracts leur enjoignant de quitter leurs domiciles avant l’aube. En dix ans de règne absolu dans la bande de Ghaza, suite au coup de force mené contre l’Autorité palestinienne en 2007, le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) a réussi à embrigader toute une population et à imposer l’ordre islamiste le plus rigoriste dans tous les domaines de la vie sociale et politique. Toutes les activités de la vie publique, et même privée, sont régies par les préceptes de la charia. Aucun parti politique laïc n’est toléré sur le territoire, effaçant ainsi d’un trait toute un héritage de lutte légué par les pionniers de la résistance, et réduisant au silence des centaines de militants et de cadres du Fatah, qui étaient pourtant à l’avant-garde du combat libérateur. Le sort réservé à Mohamed Dahlan et à son groupe illustre cette volonté d’éradiquer toute présence de forces politiques hostiles à l’islamisme. Prise entre l’étau et l’enclume, la population palestinienne se retrouve peu à peu enlisée dans l’engrenage de la violence davantage orientée contre les frères du Fatah. Derrière le paravent de résistance à l’occupation israélienne, ce mouvement s’est occupé à ériger une sorte d’émirat islamiste qui vit de subventions diverses provenant jadis d’Iran, et désormais du Qatar, mais aussi des taxes imposés aux trafiquants de toute sorte qui importe toute sorte de marchandises, y compris d’Israël. La direction du mouvement se complait dans cette situation d’Etat-bunker, et empêche tout effort de modernisation de la bande et de réconciliation avec la Cisjordanie dirigée par le Fatah. Cette rupture entre les deux mouvements a été dictée par le rapprochement de Hamas avec le Qatar. A l’époque où il était encore allié avec Damas, où étaient établis les principaux dirigeants politiques des factions palestiniennes, dont le Hamas et le Djihad islamique, le parti de Khaled Machaal avait accepté de conduire le gouvernement sous l’égide de Ramallah. C’était l’époque où le Hamas ne se présentait pas encore, exclusivement, comme la filiale palestinienne de la confrérie des Frères musulmans. La visite effectuée à Ghaza en octobre 2012 par l’ancien émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al-Thani, a fini par mettre cette partie de la Palestine rebelle sous le joug de cet émirat paradoxalement allié d’Israël et de Washington. C’est ce qui a fait que, pour de nombreux sympathisants et amis de la Palestine, cette hégémonie islamiste exercée par l’intermédiaire du Hamas a achevé de désacraliser la cause palestinienne, même s’ils ne peuvent jamais cesser de dénoncer, avec la plus grande vigueur, les exactions israéliennes que rien ne justifie.
R. Mahmoudi