Les salafistes tunisiens fêtent dans les rues et les mosquées le massacre des quatorze soldats
Les salafistes tunisiens ont célébré dans les mosquées et les rues, à travers plusieurs villes du pays, la mort des quatorze soldats tués dans une embuscade à Djebel Chaambi, hier mercredi, d’après plusieurs sources médiatiques tunisiennes. L’information a été confirmée par le porte-parole du gouvernement. Au même moment, le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, a donné des instructions pour lutter contre ce genre de manifestations. Des scènes filmées montrent, en effet, des islamistes enthousiastes déployant des emblèmes typiquement salafistes en signe de joie, quelque temps à peine après l’annonce du carnage, le plus effroyable jamais enregistré depuis le début des attaques terroristes dans ce pays. Dans certaines mosquées, des groupes de salafistes ont même accompli une «salat choukr» (prière de remerciement), pour remercier Dieu de ce qu’ils considèrent comme un «exploit». Si ces rites sadiques d’un autre âge choquent aujourd’hui en Tunisie, c’est que l’opinion publique avait tendance à sous-estimer la dangerosité et la cruauté de ces groupes que certains politiques croyaient pouvoir intégrer dans le processus démocratique. L’Algérie a connu ce phénomène pendant la décennie noire, lorsque les partisans du FIS et des groupes armés manifestaient leur joie de façon ostentatoire, après chaque attentat retentissant. Pour eux, un massacre contre une population sans défense à Médéa, un attentat suicide contre un bus au Boulevard Amirouche ou un attentat contre le président Mohamed Boudiaf étaient comptabilisés comme des «hauts faits d’arme». Leur joie s’exprimait soit par des manifestations de rue, des prières hystériques ou à travers des discours faisant l’apologie des crimes terroristes, à l’image des déclarations sinistrement célèbres d’Anouar Haddam et de Mourad Dhina pour, à la fois, justifier ces crimes et tenter d’en tirer des dividendes politiques. Cette machination sordide atteint habituellement son apogée pendant la période du mois de Ramadhan. Les terroristes choisissent souvent ce mois sacré pour intensifier leurs actions et chercher à obtenir le plus grand impact médiatique. Chose à laquelle les Tunisiens ne semblent pas préparés. Au plan politique, le ministre de la Défense, Ghazi Jribi, a estimé, lors d’une conférence de presse, que les premiers éléments d’information en sa possession indiquaient que les terroristes qui ont perpétré l’attentat «s’étaient infiltrés par la frontière», sans préciser leur pays de provenance. Le ministre précise que le groupe terroriste était composé de 40 à 60 éléments. Il a souligné, à cette occasion, que la coordination avec l’Algérie «est toujours de mise», considérant que ces attaques visaient tous les pays de la région. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Lotfi Benjeddou, a révélé à la presse que les services de sécurité tunisiens avaient déjoué six attentats terroristes depuis le début du mois de Ramadhan. Il a promis d’intensifier la lutte contre les sites salafistes, en réactivant la structure mise en place il y a quelques mois. Il a conclu son intervention en clamant : «Nous sommes en guerre contre le terrorisme.»
R. Mahmoudi