Le peuple ne vous écoute pas
Par Kamel Moulfi – Depuis quelques mois, le peuple a adopté un comportement politique qui inspire le respect : d’une part, il reste sourd au discours officiel, parce qu’il n’y trouve pas ses préoccupations et rend ainsi la pareille au pouvoir, et, d’autre part, il montre nettement son indifférence aux gesticulations de l’opposition, sans doute à cause de ses incohérences criantes, qu’il a constatées au fil du temps. Dans cette opposition, le cas Hamrouche est symptomatique de ce point de vue. Il multiplie les sorties médiatiques, bien qu'il n'ait aucune prétention ou aspiration politiques, du moins en apparence. Or, dans chacune de ses sorties, il met en avant le rôle de l'armée dans la sphère politique. Et le bouquet, lors de sa dernière «conférence», ou «meeting», on ne sait pas comment on devrait appeler cela, il prédit un scénario à la libyenne ou à la syrienne en Algérie (rien que ça !). A qui Hamrouche veut-il faire peur et pourquoi ? On constate qu’il rejoint dans ses prévisions de catastrophe le scénario de la peur monté et joué par le clan du pouvoir avant l’élection présidentielle d’avril dernier, et qui a d’ailleurs bien réussi puisqu’il a permis de faire passer la pilule du 4e mandat pour Bouteflika dans des conditions pourtant absolument défavorables à cette réélection. En fait, aucun scénario apocalyptique ne pourra être réalisé tant que le peuple s’en tiendra à sa sagesse malgré la multiplication des provocations, conscientes ou inconscientes, émanant des hommes politiques tant du pouvoir que de l’opposition, à travers leurs interventions inappropriées et leurs pratiques qui relèvent de l’archaïsme, ne tenant pas compte des évolutions rapides enregistrées dans la société algérienne et qui exigent une adaptation de la classe politique et du pouvoir qui tarde à venir. Pour l’heure, le peuple vaque à ses occupations liées au Ramadhan et aux vacances, en attendant la rentrée où il promet de faire entendre sa voix, d’une façon indépendante des uns et des autres, pour ses revendications, à lui, et non pas pour servir d’autres intérêts politiciens.
K. M.
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