Pourquoi la justice française n’applique-t-elle pas la loi antiraciste à l’encontre du Bloc identitaire ?

Le Bloc identitaire poursuit, tambour battant, sa campagne haineuse contre les Français d’origine algérienne. Dans l’impunité totale. Ses appels incessants, depuis des mois, incitant à la haine, n’ont pas suscité de vagues sur la scène politico-médiatique française. Profitant de ce silence complice, ce groupe raciste, affidé au parti de l’extrême droite française le Front national, monte en cadence pour demander carrément la déchéance de la nationale française à l’encontre des binationaux qui affichent leur soutien à l’Algérie, leur pays d’origine. «Il faut en finir avec le mensonge et faire correspondre à nouveau identité et nationalité. Nous ne pouvons plus cohabiter avec des millions de "Français" administratifs qui se sentent d'abord musulmans ou Algériens», lit-on dans le dernier appel mis en ligne le 15 juillet sur le site internet de cette organisation xénophobe et islamophobe dirigée par Fabrice Robert qui fait désormais de la stigmatisation des Algériens son programme politique. Pourquoi la justice française n’agit-elle pas ? Pourquoi n’applique-t-elle pas la loi antiraciste à l’encontre du Bloc identitaire ? Car la France interdit la publication de propos diffamatoires ou insultants, qui inciteraient à la discrimination, à la haine, ou à la violence contre une personne ou un groupe de personnes en raison de leur lieu d’origine, de leur ethnie ou absence d’ethnie, de la nationalité, de la race ou d’une religion spécifique, et ce, depuis 1881. Autrement dit, depuis plus d’un siècle. En France, le droit pénal réprime les actes qui sont une manifestation de racisme tels que les actions organisées ces derniers mois par le Bloc identitaire. La diffamation raciste est considérée comme un délit pénal. La loi n°72-546 du 1er juillet 1972 sur la lutte contre le racisme a introduit d'autres notions, avec notamment le délit de provocation «à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée». L'auteur de paroles, écrits ou images à caractère raciste est punissable lorsque les attaques incriminées s'adressent par tout moyen de communication au public, y compris par Internet, quand bien même le site serait basé à l'étranger, à condition que le propos litigieux soit diffusé en France. Et le procureur de la République peut prendre d'office l'initiative de poursuivre l'auteur de l'infraction raciste, sans intervention préalable de la personne ou du groupe de personnes qui en ont été victimes. Pourquoi ne le fait-il pas dans le cas du Bloc identitaire qui multiplie, par tous les moyens de communication, les appels à la haine et au rejet des Français d’origine algérienne ? Pourtant, la justice française a appliqué la loi dans toute sa rigueur pour des cas d’injures et de racisme moins graves. Parmi eux, la condamnation en 2008 de l’actrice, ancien mannequin et chanteuse française, Brigitte Bardot, pour «incitation à la haine raciale». Elle avait été jugée pour avoir dit, dans une lettre au gouvernement au sujet de l’Aïd El-Kebir qu’elle en avait marre d’être «menée par le bout du nez par toute cette population qui détruit notre pays…». Aussi, une ancienne candidate FN aux municipales a été condamnée, le 15 juillet 2014, à neuf mois de prison ferme, cinq ans d'inéligibilité et 50 000 euros d'amende pour avoir comparé la ministre française de la Justice Christiane Taubira à un singe. Le Bloc identitaire est-il donc au-dessus des lois ? On le saura bientôt. Car ce groupe raciste n’est pas prêt à renoncer à ses actes racistes à l’encontre des émigrés, en particulier les Français d’origine algérienne.
Rafik Meddour
 

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