Le désert de Gao : une immense zone entre les mains des terroristes et des narcotrafiquants
L’avion d’Air Algérie porté disparu se serait écrasé dans la région de Gao, à quelque 3 000 km d’Alger. Retrouver l’épave de cet avion affrété ne sera assurément pas une mince affaire dans ce désert du Nord-Mali. A la vaste superficie de la région, qui fait plus 170 500 km², s’ajoute la complexité des reliefs montagneux et très accidentés. Gao est à 1 200 km au nord de Bamako. Son climat difficile risque de compliquer davantage la tâche des équipes de recherches, surtout par avion. Car, depuis quelques jours, toute la zone est frappée par de violents orages et des tempêtes de sable cycliques connues sous le nom de la «mousson africaine». D’ailleurs, on soupçonne que la météo soit à l’origine de ce crash. Située sur le fleuve Niger, Gao est réputé pour être une plaque tournante de tous les trafics : drogues, armes légères et lourdes, faux documents, faux billets d’argent, bétails, carburants et même la traite des personnes. C’est une vaste région désertique fortement investie par les groupes terroristes connectés aux réseaux internationaux de trafic de stupéfiants. La ville fondée par des Songhay composés de pêcheurs, de cultivateurs et de chasseurs, est peuplée de quelque 484 000 habitants. Cette région, tombée entre les mains des groupes armés du Nord-Mali en 2012, avant qu’ils soient chassés par les forces internationales, connaît de sérieux problèmes de sécurité avec des attentats en série. C’est dans cette zone de tous les dangers, où se battent toujours les groupes armés rebelles avec les forces armées maliennes, que s’effectuent les recherches, grâce à des moyens aériens. Ce crash n’est pas le premier dans cette région. En novembre 2009, un Boeing appartenant à la Guinée Bissau s’est écrasé dans cet immense territoire. L’image des restes de l’épave de ce vieux Boeing 727 modèle cargo, crashé, incendié et abandonné en plein désert fait actuellement le tour de la Toile. Cet avion a été dépecé rapidement par des groupes de trafiquants qui en ont extrait l’aluminium pour le revendre au prix fort sur le marché noir. Les groupes terroristes liés à la nébuleuse Al-Qaïda au Maghreb islamique sont assurément déjà à pied d’œuvre pour tenter de trouver les premiers l’épave afin de bien s’en servir. A Gao, le trafic se pratique à ciel ouvert. Les narcotrafiquants sud-américains font de cette zone leur arrière-base pour inonder le marché européen, entre autres, de toutes sortes de drogues. Des narcotrafiquants directement connectés aux groupes terroristes qui, grâce à ce trafic, ont pignon sur rue et se dosent d’armes de plus en plus lourdes. D’ailleurs, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a évoqué dans un récent rapport l’implication d’Al-Qaïda dans ce vaste trafic de drogue en prélevant des «taxes» en contrepartie de la sécurisation de la marchandise. Cela en dit long sur la difficile tâche des équipes de recherches qui auront à faire face à la fois à la dureté de la nature désertique et à la menace terroriste très élevée. Un véritable champ de mines qui risque de conduire à une autre catastrophe, si toutes les mesures sécuritaires ne sont pas prises en charge.
Rafik B.