Les pertes économiques subies par Israël vont-elles stopper le massacre des populations à Ghaza ?
Pour la première fois depuis le déclenchement des raids israéliens sur la bande de Ghaza, on évoque sérieusement l’éventualité d’un cessez-le-feu qui serait pris unilatéralement par Tel-Aviv, alors qu’il y a seulement quelques jours, Benyamin Netanyahu envisageait, au contraire, une invasion terrestre. Pourquoi ce retournement de situation ? Deux facteurs essentiels ont dû faire reculer les va-t-en guerre de l’Etat hébreux : d’abord, la montée des protestations à travers les grandes capitales occidentales où l’opinion a réussi à faire plier des dirigeants qui se sont faits porte-parole de la politique israélienne ; ensuite, les pertes économiques incommensurables d’Israël, suite à l’agression contre Ghaza. Netanyahu et son parti au pouvoir savent que leur politique risque, à brève échéance, de se retourner contre eux. Les effets de cette opération ont commencé à se faire sentir dès les premiers jours. Déjà saignée par la construction du Dôme de fer, l’économie israélienne est au bord de l’asphyxie. Le journal israélien Yediot Aharonot a noté que le secteur le plus touché était le tourisme, à cause de l’annulation des vols des principales compagnies aériennes américaines, européennes et même russes à destination des aéroports israéliens. Ce qui a induit la fermeture immédiate d’un grand nombre d’hôtels. Le pays reçoit, chaque année, un million de visiteurs, dont une bonne partie fait le voyage durant la période estivale. Conséquence de ce chamboulement provoqué par cette guerre : l’aménagement de nouveaux aéroports à Eilat et dans le Negev, après la fermeture de celui de Ben Gourion à Tel-Aviv, a nécessité des budgets colossaux, relève le quotidien israélien. Autre secteur touché de plein fouet par cette agression : l’agriculture. Tous les domaines proches des zones occupées ainsi que dans les colonies sont paralysés, et les pertes se comptent, là aussi, par millions. La paralysie touche également les principales zones industrielles, qui sont désormais à portée des roquettes de la résistance palestinienne. Les conséquences de l’agression n’en sont pas moins désastreuses sur l’activité financière, avec la chute brutale de la Bourse israélienne. Selon les chiffres avancés par les analystes, les pertes globales enregistrées par l’économie israélienne pourraient atteindre 50% du PIB. Et, d’après les estimations établies par l’Etat, chaque journée de guerre coûte plus de 40 millions de dollars, sans compter les coûts des dégâts matériels directs occasionnés par les tirs de roquettes sur les différentes infrastructures, qui ne sont pas encore recensés, et aussi les coûts des bombardements, sachant que chaque attaque aérienne coûte plusieurs centaines de milliers de dollars. A cela s’ajoute l’effort de guerre à assumer en versant la solde de quelque 50 000 soldats réservistes, indemnisés pour chaque jour que dure l'agression.
R. Mahmoudi