Fusion Lafarge-Holcim : l’Algérie devrait-elle s’en inquiéter ?
Après sa fusion à l’international avec le groupe suisse Holcim, le cimentier Lafarge se rapproche du gouvernement algérien pour demander son avis sur la fusion et faire savoir que les sites algériens détenus par le groupe français ne sont pas concernés par l’opération de désinvestissement officialisée, il y a quelques jours, par les deux partenaires français et suisse. Un rendez-vous a ainsi été demandé par Luc Callebat, PDG de Lafarge Algérie qui entend certainement expliquer que les pouvoirs publics algériens n’auront pas à exercer le fameux droit de préemption déjà brandi par le gouvernement pour bloquer d’autres cessions dont celle de l’opérateur de téléphonie Djezzy ou encore la cession de l’usine Michelin à l’industriel d’Isaad Rebrab. Un droit de préemption qui a été introduit par le gouvernement Ouyahia en 2009, suite, justement, à l’entrée «détournée» de Lafarge en Algérie fort de l’affaire conclue, à l’insu des pouvoirs publics, avec le groupe égyptien Orascom, dirigé par Sawiris, qui lui a cédé la totalité de la société Ciment blanc d’Algérie holding (Ciba) en septembre 2007 pour 1,5 milliard de dollars. Avant de conclure cette affaire juteuse, Lafarge avait tenté de s’introduire sur le marché algérien, en postulant pour des partenariats mais il avait à chaque fois essuyé un refus catégorique de la part du gouvernement. Aujourd’hui, il détient 40% du marché du ciment en Algérie et ses investissements sont vu d’un «bon œil», puisque de nouveaux partenariats ont été conclus ces dernières années, faisant du français Lafarge un acteur majeur du marché du ciment en Algérie. Une position qui peut légitimement inquiéter le gouvernement en cas de cession des parts de Lafarge Algérie dans le cadre de la fusion avec Holcim. Les deux partenaires français et suisse ont publié, le 7 juillet 2014, la liste des sites concernés par les désinvestissements dans le cadre de leur fusion, en vue de créer le groupe de l'industrie des matériaux de construction «Lafarge-Holcim». Les sites algériens n’y figurent pas pour l’instant, à l’instar d’autres sites à travers le monde. Il reste à savoir si la liste est définitive ou si elle sera complétée dans un deuxième temps dans le cadre d’autres cessions. La question se pose, en effet, car dans leur communiqué les deux parties française et suisse précisent que «les deux sociétés continueront à évaluer les situations où des désinvestissements pourraient être nécessaires, en fonction de l'appréciation des recouvrements géographiques ou de demandes des autorités de la concurrence». Il est à savoir que le projet de fusion qui devrait être finalisé au premier semestre 2015 a, selon ses initiateurs, pour objectif de «créer un groupe bénéficiant du portefeuille le plus équilibré et diversifié du secteur, présent dans 90 pays».
Meriem Sassi