La France dirige les opérations liées au crash de l’avion d’Air Algérie : y a-t-il un pouvoir en Algérie ?
La réponse à notre interrogation d’hier sur la réaction de l’Algérie au cas où l’avion affrété par Air Algérie se serait crashé au Mali est venue du président français, ce matin. L’Algérie ne fera rien. C’est l’armée et la diplomatie françaises qui s’activent autour de cet accident, vu le nombre élevé de ressortissants français qui se trouvaient à bord de l’appareil. Nous apprenons, par la voix de François Hollande, qui a tenu un point de presse devant l’Elysée, ce vendredi matin, après avoir annulé une mission de plusieurs jours à l’étranger, que l’une des deux boîtes noires a été récupérée et que l’épave de l’avion est éparpillée sur une zone limitée au centre du Mali et non pas au nord, dans une région «plutôt calme». Après la découverte des débris du McDonnell Douglas par un drone de l’armée française, un hélicoptère de reconnaissance a survolé la zone, avant que des soldats français ne se dirigent vers le lieu de l’accident où ils se trouvent actuellement. C’est donc à l’armée française qu’échoit la mission de gérer la situation de crise engendrée par le crash d’un avion battant pavillon algérien, bien que l’aéronef n’appartienne pas à la compagnie Air Algérie. La boîte noire sera-t-elle remise à l’équivalent de la Direction générale de l’aviation civile en Algérie, l’Etablissement national de la navigation aérienne (ENNA), l’organisme chargé de la sécurité aéronautique, ou sera-t-elle acheminée à Paris où elle devra être analysée ? Depuis l’annonce de la disparition de l’appareil en provenance de Ouagadougou par les autorités algériennes, aucune déclaration n’a été faite, hormis la confirmation de l’information par Abdelmalek Sellal à travers une déclaration laconique reprise par l’agence officielle APS. Toutes les informations rapportées par les médias algériens, dont Algeriepatriotique, s’agissant de ce crash, émanent des médias et des responsables politiques français, au premier rang desquels le président Hollande lui-même. Hier, ce dernier a eu un entretien téléphonique avec le Premier ministre algérien, faute, vraisemblablement, d’avoir pu discuter de cette tragédie avec son homologue Abdelaziz Bouteflika. La tournure prise par les événements indique clairement que l’Algérie restera en retrait dans une affaire qui la concerne au premier chef et qu’elle se contentera de suivre de loin le développement de la situation en fonction de ce que l’armée française découvrira sur place et transmettra à sa hiérarchie à Paris. Une situation ubuesque que les Algériens ont du mal à digérer, mais qui était prévisible dès l’annonce de la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat.
M. Aït Amara