La Palestine, pas le Hamas
Par R. Mahmoudi – Faut-il laisser la cause palestinienne aux intégristes islamistes ? C’est l’erreur dans laquelle sont tombés beaucoup de démocrates arabes. Par exemple, dans la manifestation de ce vendredi à Alger, on n’a vu presque que des islamistes conduits par les dirigeants d’Ennahda, du MSP et du parti d’Abdallah Djaballah. Car s’il est difficile, et même politiquement incongru, dans les temps qui courent, de voir des manifestations de solidarité avec Ghaza ostensiblement dominées par les fanatiques religieux, il est aussi dangereux et malheureux de leur céder, si facilement, un symbole universel de la lutte et de la résistance. La Palestine résistante n’est pas l’œuvre du Hamas ou du Djihad islamique, même si ces deux mouvements, souvent pour des calculs politiques machiavéliques qui dépassent la bande de Ghaza, ont réussi à s’approprier le flambeau de la lutte contre l’occupation israélienne. L’exemple nous est donné par les manifestants pro-palestiniens en France, où des partis et des collectifs de divers horizons politiques et idéologiques ont adhéré aux grandes manifestations de protestation organisées au début de la semaine contre la cruauté de l’armée israélienne, et où l’emblème palestinien – symbole d’une nation et non pas d’une faction – était le plus présent. Peut-être faudrait-il attendre l’avènement d’une nouvelle génération de dirigeants palestiniens qui puisse se réapproprier le label du combat libérateur et redonner ainsi vie au Fatah, jadis porte-étendard de la lutte, mais aujourd’hui totalement sclérosé par les accords d’Oslo et gangréné par la corruption. A quand l’apparition de nouveaux Abou Djihad, Abou Nidhal et Marwan Barghouthi sur la scène palestinienne ? C’est seulement ce jour-là que la cause palestinienne pourra recouvrer sa sacralité et sa légitimité historique.
R. M.
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