Le drapeau d’Al-Qaïda exhibé dans les rues d’Alger lors de la manifestation pro-Ghaza
Profitant de la marche de soutien à la résistance palestinienne à la suite de la guerre déclenchée par l’armée sioniste contre Ghaza, des individus ont brandi, hier, dans les rues d’Alger, le drapeau d'Al-Qaïda. Ce fait est extrêmement grave même s’il est passé quasiment inaperçu au milieu de la forêt de drapeaux algériens, récupérés par des jeunes parmi ceux qui ornaient les façades tout le long du trajet entre la place du 1er-Mai et la place des Martyrs et distribués aux marcheurs au point où chacun avait le sien. La dominante dans cette marche était carrément à l’islamisme avec des slogans repris de ceux de l’ex-FIS, scandés il y a un quart de siècle, et ceux, plus récents, inspirés des Frères musulmans d’Egypte pour s’en prendre au président de ce pays, Al-Sissi. Il est évident que les islamistes ont eu la partie facile pour mobiliser face à la barbarie de l'agression contre Ghaza et le silence honteux des pays arabes et musulmans. Cette situation leur profite comme ce fut le cas pour le FIS durant la première guerre du Golfe. En plus, il est maintenant établi que chaque fois que les autorités versent dans le laxisme, elles encouragent les extrémistes et facilitent la montée du péril islamiste qui a resurgi à la lumière des développements survenus dans le monde arabe et dans le Sahel (Irak, Libye, Syrie, Mali, etc.). Qu’observe-t-on, en effet ? La fuite en avant de l'Etat s’accompagne de l’absence de fermeté à l'égard des islamistes radicaux (on l'a vu à Ghardaïa où les salafistes ont manifesté en appelant au meurtre). Ce laxisme est certainement lié à la tentative de fragilisation des services de renseignement (après les attaques insidieuses durant les dernières élections) et des autres institutions sécuritaires au nom «des droits de l'Homme», un concept pompeux et vaseux qui a donné des ailes au banditisme et à la délinquance en général sans que la police et la gendarmerie ne puissent agir avec rigueur et sévérité. La marche de vendredi a constitué un véritable test de mobilisation pour les islamistes ainsi que sur le comportement du service d’ordre qui a laissé faire après avoir tenté de bloquer la marche à son départ. Fait politique significatif, cette manifestation a mis en évidence l’absence sur le terrain des partis du pouvoir – FLN, RND, MPA et TAJ – qui semblent avoir abdiqué devant les partis islamistes de l’opposition. Pendant que le gouvernement travaille en vase clos, coupé de la population, malgré les gracieuses distributions de logements sociaux, les islamistes s’activent à reconquérir la rue et particulièrement les jeunes, à travers les mosquées. De nombreux indices montrent qu’ils ont non seulement l’ambition de ratisser plus large que leur base traditionnelle, mais qu’ils ont de fortes chances de réussir dans cette voie, tant qu’ils ne trouveront rien en face.
Houari Achour