RCD : «Le plan gouvernemental pour Ghardaïa est une duperie»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a vivement dénoncé l’interdiction de la conférence de la CNLTD. Dans une déclaration sanctionnant la session ordinaire de son secrétariat national, ce parti de l’opposition laïque considère que cette interdiction est illustrative des «égarements» et des «faux-fuyants d’un système délétère». «Pour contrer une dynamique populaire et historique disqualifiante, ajoute cette formation politique, le pouvoir se fourvoie dans l’abus, la répression et les combats d’arrière-garde, n’hésitant pas à cultiver la division pour se poser en arbitre de la crise qu’il a lui-même généré.» En parlant de crise, le RCD évoque la situation chaotique dans la vallée du M’zab. La gestion de ce dossier est ainsi qualifiée par le secrétariat national de ce parti comme catastrophique. Car au lieu de se pencher sur les vraies solutions, le pouvoir n’a fait, aux yeux de responsables de cette formation politique, qu’«exacerber la situation par la provocation, la répression, la manipulation des crispations identitaires et communautaires, l’instrumentalisation de la justice et la consécration de l’impunité qui font que des populations entières soient livrées à elles-mêmes». Pour le RCD, c’est une «tragédie qui ensanglante la région de Ghardaïa depuis plus d’une année», c’est un «drame humain et national» qui pose en termes crus «l’inadaptation système-société et signe l’échec du monolithisme institutionnel et culturel imposé au pluralisme de la société». Le RCD estime que cela rappelle «l’abandon de la Kabylie aux groupes mafieux après le printemps noir de 2001 qui a fait fuir de la région l’essentiel des investisseurs dans le sillage de l’assassinat, resté à ce jour impuni, de 126 jeunes par les forces de répression du régime du clan d’Oujda». Cette «politique du pire» s’illustre, selon le RCD, par le fait que «devant cette grave situation, aucune mesure appropriée n’a été adoptée. Le pouvoir démontrant une fois de plus son incapacité à assurer la sécurité des personnes et des biens met en péril la cohésion de la nation. Nous sommes loin des promesses électoralistes et des incantations chimériques du Premier ministre représentant du chef de l’Etat candidat à sa propre succession». Le RCD ne se fait aucune illusion quant à la nouvelle annonce d’un plan gouvernemental pour Ghardaïa qu’il qualifie ainsi de «duperie supplémentaire», car, souligne-t-il, «le pouvoir continue d’imposer ses interlocuteurs pour la région dans les clientèles traditionnelles du régime et mobilise ses baltaguia contre les militants politiques et associatifs de la vallée du M’zab». A cela s’ajoute le terrorisme qui continue de frapper et de faucher des vies humaines dans de nombreuses localités du pays. «La prime à la violence sous toutes ses formes au lieu et place de la nécessaire application du droit déteint sur l’ensemble du tissu social», regrette cette formation présidée par Mohcine Belabbas. Pour compléter ce triste décor d’un pays où «la population est livrée à elle-même», le RCD relève la multiplication des kidnappings impunis, inaugurés depuis une dizaine d’années en Kabylie. Un fléau qui s’exporte bien «sous le regard impassible et impuissant de l’Etat jusqu’aux régions du Sud». Le RCD s’incline par ailleurs devant la mémoire des victimes du crash de l’avion affrété par Air Algérie et exprime son soutien à leurs familles. Il s’indigne de la frilosité et de l’approximation qui ont caractérisé la gestion de ce douloureux accident par les pouvoirs publics. Il relève la défection singulière du chef de l’Etat, contrastant avec la présence soutenue du président français, qui marque l’image d’un président hors du temps et loin de son pays. «Le retrait de l’Algérie devant la tutelle de l’ex-puissance coloniale est, ajoute-t-il, une caricature des errements diplomatiques, de l’incurie, des reniements et de la soumission du pouvoir actuel.» «La régression en cours va jusqu’à ce que des acteurs politiques, toute honte bue, négocient une autorisation spécifique de manifester au mépris du droit constitutionnel du peuple algérien de s’exprimer librement dans la rue», conclut le RCD qui se dit néanmoins satisfait des élans populaires de solidarité qui se sont spontanément manifestés à travers le monde libre pour l’arrêt de l’agression israélienne contre Ghaza et pour la levée du blocus alimentaire et sanitaire, et les droits légitimes du peuple palestinien.
Rafik M.