Le pain, le lait…
Par Kamel Moulfi – Comme chaque année, la veille de l’Aïd El-Fitr, la population était moins préoccupée par le doute sur la date de la fin du mois de Ramadhan que par la constitution de provisions pour les jours de fête et après. Deux questions récurrentes dans la bouche des gens, particulièrement à Alger : «Où avez-vous acheté le pain ?» «Où avez-vous trouvé le lait ?» Elles sont posées aux heureux citoyens croisés dans la rue et qui exhibent presque comme des trophées, dans leurs sacs plastiques, les baguettes de pain ou les sachets de lait, denrées de première nécessité, qui deviennent subitement rares en pareille circonstance, à cause de la fermeture des commerces, pour la raison que tout le monde connaît maintenant : la main d’œuvre concernée vient de l’intérieur du pays et y retourne pour passer les fêtes. C’est ainsi depuis des années. Le discours sur le système de «permanences» n’y peut rien et les menaces de sanctions n’y changent également rien. L’autorité de l’Etat a été trop affaiblie et n’est plus en mesure de faire appliquer les décisions du gouvernement. Il faut ajouter en 2014 un décor fait de villes sales et des quartiers envahis par les vendeurs de rues. Les ministres se suivent et se ressemblent, quel que soit le département qui leur est affecté et indépendamment aussi du temps qu’ils passent à leurs postes, 15 ans, ou plus, ou 15 mois, ou moins ; c’est la même démarche : de l’agitation relayée automatiquement par la télévision publique pour prouver que le gouvernement travaille, mais, sur le fond, les problèmes qui empoisonnent la vie quotidienne des Algériens restent non résolus, intacts, et même s’aggravent au fil des ans ; aucune stratégie, par contre une fuite en avant, au jour le jour, pour durer en prenant garde à ne pas faire de vagues. Dans le contexte des fêtes de l’Aïd et des «ponts» à l’occasion des autres jours fériés, c’est le secteur du commerce qui démontre le mieux cette continuité dans l’inefficacité, les longues chaînes pour le pain, le lait, le carburant, en témoignent.
K. M.
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