La philosophe française Aline de Diéguez : «La résistance palestinienne est parfaitement légitime»
«Le cerveau des bourreaux israéliens fonctionne sur un autre mode que celui du reste de la planète.» C’est ainsi qu’Aline de Diéguez, philosophe française, expliquait, dans une interview qu’elle a accordée à Algeriepatriotique en décembre 2012, le dialogue de sourds entre l’entité sioniste et le reste du monde, excepté les Etats-Unis. Pour elle, les Palestiniens sont en guerre depuis un siècle contre un ennemi qui a pour objectif de les déposséder de leur territoire, de leur identité et de leur nation. Après le nettoyage ethnique de 1948 et de 1967 qui n’a amené aucune réaction internationale sérieuse, l’Etat hébreu poursuit sa politique et progresse d’année en année en intensité et en monstruosité, violant le droit et les conventions internationales, bloqués par le veto des Etats-Unis «dont on ne sait s'ils sont la tête ou la queue du binôme monstrueux qu'ils forment avec Israël», a-t-elle souligné. «Alors qu’une seule résolution a suffi à provoquer le bombardement de la Libye et l’élimination de son dirigeant, pas une seule des cent vingt résolutions condamnant Israël n’a trouvé le plus petit commencement d’application. L’Etat sioniste poursuit donc tranquillement son travail de harassement d'un autre peuple, viole les lois et les conventions internationales, légalise la torture, y compris celle des enfants, n'hésite pas à prendre en otage des familles entières sous prétexte qu'un de ses membres est soupçonné du méfait de résistance ou d’appartenance au Hamas, pratique ouvertement des assassinats collectifs, des arrestations arbitraires et des exécutions extra-judiciaires.» C’est ainsi, a-t-elle ajouté, qu'aujourd'hui même, dans les pseudo-négociations auxquelles se prête rituellement le gouvernement israélien afin de gagner du temps, il affirme tranquillement que «le droit international n'a rien à voir» avec la guerre qu'il mène contre le peuple palestinien, parce qu'il possède «un titre de propriété sur Eretz Israël» (la terre d'Israël). Il ne s'agit donc pas pour lui de «rendre des territoires», mais de consentir généreusement à «en donner». Pour ce qui est de la légitimité ou non du Hamas, la philosophe a souligné que les dirigeants de Ghaza ont été légitimement «élus». «Il se trouve que le Hamas est arrivé en tête. C’est ainsi. Faut-il ne respecter le résultat d’un vote démocratique, donc de la volonté du peuple, que s’ils répondent aux vœux de tel ou tel Etat étranger ? Mais le Hamas n’est pas le seul mouvement de la résistance palestinienne et ce n’est pas militairement le plus actif», a-t-elle affirmé. Depuis 1919, la Palestine jouit du statut de nation indépendante sous mandat anglais et la fin de la tutelle du mandataire en 1945 lui donnait pleinement droit à l’indépendance totale. De ce fait, a-t-elle poursuivi, la loi internationale reconnaît à un peuple occupé le droit de se défendre par tous les moyens, y compris par la force. La résistance palestinienne est donc parfaitement légitime. Les déclarations de l’occupant sont sans valeur aucune. Pour ce qui est du soutien sans faille des Etats-Unis à Israël, Aline de Diéguez, nous a invités à chercher du côté des grandes banques anglo-saxonnes et les puissantes multinationales d’outre-Atlantique, la source jaillissante de ce qui devint le puissant fleuve sioniste. «C’est grâce à la fabuleuse manne financière de groupes puissamment organisés et agissant dans les coulisses des pouvoirs politiques, et qui sont parvenus à tordre, dès l'origine, la politique de l'Angleterre et des Etats-Unis dans le sens des intérêts sionistes, que cette idéologie a pu se concrétiser», a-t-elle expliqué tout en étant convaincue que sans cette domination financière, l'Etat d'Israël n'aurait pas pu voir le jour. Dans la troisième et dernière partie de l’interview, la philosophe française a dressé une liste interminable des méfaits d’Israël commis au quotidien contre les Palestiniens pour montrer qu’Israël «puisse un jour se métamorphoser en un voisin normal capable d’accepter gentiment à ses côtés un Etat qu’il déteste et méprise, et une population qu’il rêve de voir s’évaporer ou disparaître sous terre et dont la seule existence constitue un obstacle infranchissable à son rêve de conquête d’un empire sioniste incluant la totalité de la Palestine, le Liban, l’Irak, une partie de l’Egypte et même plus». Pour elle, le sort de l’entité sioniste est déjà scellé. «Le rêve d’un empire sioniste rejoindra le grand cimetière des éléphants politiques. Le mythe est le destin de l'actuel Etat d'Israël et sa carapace mentale, mais il est également son talon d'Achille.» Face à l’acharnement criminel d’Israël dont l’obsession, dit-elle, est «comment se débarrasser des Palestiniens», Aline de Diéguez a insisté sur l’arme naturelle des pauvres, la démographie. Cette arme qui rend invincible affole Israël.
Mohamed-El-Ghazi
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