Forces du changement : «Le pouvoir nous livre une guerre d’usure»
Le Pôle des forces du changement, coordonné par l’ancien candidat à la présidentielle d’avril dernier, Ali Benflis, dénonce vivement «la guerre d’usure que le pouvoir en place livre à l’opposition nationale». Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, à la fin d’une réunion d’évaluation de la situation politique nationale et des évènements régionaux et internationaux, le Pôle des forces du changement, regroupant une dizaine de partis ayant soutenu la candidature de Benflis à la dernière présidentielle, relève non sans dépit «la poursuite des politiques de rétrécissement continu du champ des libertés» et la volonté clairement affichée par le pouvoir de mettre l’opposition dans l’incapacité de s’acquitter des missions qu’elle assume dans le plein respect de la Constitution et des lois de la République». «Ce pouvoir persiste dans ses pratiques non démocratiques au moment même où, paradoxalement, il prétend mener une révision constitutionnelle au nom d’une promotion des libertés qu’il endosse et d’un renforcement du rôle de l’opposition nationale qu’il dépossède systématiquement de ses droits les plus légitimes». Un objectif déjà démenti, précise ce bloc politique, par «l’abus de pouvoir, le déni des droits et la négation des libertés est dans sa nature intrinsèque». «De telles pratiques et de tels comportements suffisent par eux-mêmes à valider les appels qui s’amplifient à un changement visant à assurer l’avènement d’un ordre démocratique dans notre pays d’où émergera enfin l’Etat de droit que notre société attend et auquel notre peuple aspire», argue-t-on. Le pôle revient sur les événements tragiques qui ont secoué durant de longs mois la vallée du M’zab et impute la plus grande part de responsabilités aux dirigeants du pays qui n’ont pas su trouver le bon remède à cette profonde crise.
Faillite des autorités
«Les autorités publiques assument une grande responsabilité dans les proportions tragiques prises par ces événements du fait d’une gestion défaillante et d’une présence de l’Etat insuffisamment assurée», est-il souligné dans la déclaration dans laquelle il est clairement noté que le pouvoir a bien failli à «prendre la juste mesure de la gravité de ces évènements et de leurs répercussions potentielles sur la cohésion nationale». Pour les animateurs de ce pôle, le pouvoir en place «se contente, en guise de démarche, d’expédients de courte vue et de recettes obsolètes». Ainsi, pour Benflis et ses partenaires politiques, «les évènements de Ghardaïa sont d’abord les révélateurs d’une crise de l’autorité de l’Etat. Ils sont ensuite les révélateurs, ajoutent-ils, d’une crise de confiance à l’égard des institutions agissant au nom de cet Etat. Ils sont enfin, les révélateurs des dégâts que peuvent provoquer, dans toute notre société, une citoyenneté brimée et privée de tous ses attributs naturels».
Ghaza pour toujours
Le Pôle des forces du changement a également saisi l’occasion de cette réunion pour aborder la question palestinienne. Tout en condamnant l’agression israélienne contre un peuple qui revendique ses droits légitimes, ce bloc politique de l’opposition appelle toutes les forces de soutien de la paix et de la sécurité à œuvrer efficacement pour la levée du blocus sur Ghaza ainsi que pour l’ouverture des passages et garantir la sécurité des citoyens palestiniens. Comme il appelle «le peuple algérien à manifester, comme d’habitude, en force et plus que jamais, son soutien continu et inconditionnel au peuple palestinien et rappelle à la diplomatie algérienne son passé glorieux dans le soutien de la cause juste palestinienne dans le concert des nations. Il incite à la fidélité à ses principes et positions». Toujours sur le plan régional, le Pôle des forces du changement s’inquiète du chaos qui s’installe en Libye et de ses répercussions sur l’Algérie frontalière.
S. Baker