Comment l’épouse de Djaballah propageait le wahhabisme en Algérie
La femme d’Abdallah Djaballah revendique, avec beaucoup de fierté, le fait d’avoir intensément activé dès sa tendre jeunesse dans la propagation de la doctrine wahhabite dans le milieu féminin algérien. Dans un long entretien publié aujourd’hui par le quotidien arabophone algérien Echorouk, l’épouse de celui qui dirige actuellement le Front de la justice et du développement (FJD), un parti fondamentaliste, révèle, avec précision, comment elle faisait du prosélytisme quand elle était déjà au lycée. «Mon premier objectif était de convaincre des filles de mon entourage à porter le hidjab, qui était presque méconnu à cette époque-là (début des années 70). Et moi, je le portais depuis déjà le collège (12 ans)», indique-t-elle. Outre l’aspect vestimentaire, elle faisait aussi de l’endoctrinement à travers des halakate (des prêches en série), une sorte de lavage de cerveau des lycéennes. Elle assure avoir toujours travaillé ouvertement et publiquement sans avoir été inquiétée. De formation économique, cette diplômée de l’université d’Alger a été prise sous l’aile du cheikh Mohamed Bouslimani, fondateur de l’association «caritative» El-Irshad wa el-islah (Guidance et réforme) avant de se lancer elle-même dans la prédication. La femme de Djaballah explique ainsi comment elle a grandement contribué à la propagation de la pensée intégriste et extrémiste dans les cités universitaires (elle était elle-même résidente à la cité universitaire de Ben Aknoun) et réussi à entraîner de nombreuses filles dans l’obscurantisme islamiste qui a conduit à la décennie noire avec toutes ses conséquences sur le pays et la société. Elle affirme aussi avoir commencé son travail de propagande wahhabite à une époque où très peu de filles et de femmes connaissaient le voile ou le hidjab. Un travail de «conditionnement religieux» qui a bien porté ses fruits, puisqu’aujourd’hui, le hidjab «couvre» plus de la moitié des femmes algériennes. Une «contribution» dont elle est fière. La femme de Djaballah, qui fait l’apologie de l’intégrisme, raconte ainsi son «parcours» avec beaucoup de «romantisme», faisant bien entendu l’impasse sur les «méthodes» parfois cruelles utilisées pour propager la pensée intégriste dans une société fortement imprégnée de socialisme. Menaces, terreur, bourrage du crâne avec des «hadiths» à l’origine douteuse, apologie des «guerriers afghans», manipulation de l’interprétation des versets coraniques… La femme de Djaballah fait ainsi un aveu, sans le vouloir peut-être, sur sa responsabilité ainsi que celle de son mari dans les massacres commis par des terroristes durant les années 90. Ces «terroristes», qui tuaient et massacraient à tout bout de champ, ont été la conséquence directe de ce long travail d’endoctrinement et de conditionnement de la société qui a commencé dès le début des années 90. Les méthodes utilisées étaient presque identiques à celles employées en Afghanistan. D’ailleurs, les premiers terroristes montés au maquis avaient fait la pseudo-«guerre sainte» en Afghanistan. Grâce à des femmes comme l’épouse de Djaballah, notre pays a fait un bond incroyable en arrière, avec un décennie de sang dont les séquelles sont encore visibles dans la société. De quoi en être fier ?
Rafik Meddour