Les islamistes continuent à étendre leur pouvoir en Libye : un ancien mercenaire «élu» maire de Tripoli
L’islamisation de la Libye avance à grands pas, à mesure que les milices armées s’emparent des leviers de pouvoir de plus en plus importants. Ainsi, l’assemblée communale de la capitale, issue des élections du 17 mai dernier, vient d’élire à sa tête Mehdi El-Harati, un ancien chef milicien des «thouwar» de Tripoli et chef d’un groupe armé combattant en Syrie, selon l’agence officielle libyenne. Agé des 41 ans, Mehdi El-Harati porte deux nationalités, libyenne et irlandaise, et a vécu une vingtaine d’années en Irlande. A son retour en Libye en 2011, il prend part à l’insurrection armée contre le régime de Moummar Kadhafi, en fondant, avec un autre mercenaire, Abdelhakim Belhadj, le groupe de «thouwars de Tripoli» qui s’empara de la capitale en août de la même année. Avec son acolyte, Mehdi El-Harati devient célèbre grâce à une médiatisation soutenue. Mais au bout de quelques mois, il démissionne et se rend en Syrie pour combattre aux côtés des groupes insurgés syriens ; il crée un groupe armé composé de Syriens et de mercenaires étrangers, avant de revenir en Libye en septembre 2012. Cette consécration d’un chef terroriste international à la tête d’une institution élue illustre le niveau de déliquescence atteint par la Libye. La riposte organisée par l’ex-chef de l’armée de terre, le général Khalifa Haftar, contre les milices armées semble reculer devant la contre-offensive menée par ces mêmes milices alliées aux groupes islamistes. Ces derniers ont réussi, fin juillet, à mettre la main sur une importante base militaire près de Benghazi, pendant que des autonomistes à Syrte continuent de contrôler des terminaux pétroliers. Aussi, l’élection d’un nouveau Parlement, il y a deux semaines, n’a pas réglé le problème de la légitimité politique, encore moins celui du rétablissement de la sécurité. Cette situation continue d'inquiéter le voisinage direct de la Libye (la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte), où les dispositifs de sécurité sur les frontières ont été renforcés pour parer à d’éventuels débordements et à une éventuelle infiltration des groupes terroristes qui profitent des situations chaotiques pour se déplacer ou transférer des armes vers d’autres contrées, comme cela s’est passé en 2011, à la chute de l’ancien régime libyen.
R. Mahmoudi