L’affaire qui dérange
Par Kamel Moulfi – Si elle n’avait pas été citoyenne française, Michèle Decaster aurait été sans doute plus que maltraitée par la police marocaine à Laâyoune (voir article d’Algeriepatriotique) et personne n’aurait entendu parler de ce qui lui est arrivé. Heureusement pour elle, le Maroc est comme une partie de la France et Chirac y passe ses vacances en ce moment même, en famille… comme chez lui, dans une résidence du roi Mohammed VI ! A propos du traitement infligé à Michèle Decaster, la réponse du Quai d'Orsay est significative de cette «proximité» : «Nous suivons l'affaire avec les autorités marocaines.» Une petite phrase toute laconique sans le moindre signe de protestation. Bien sûr, la France ne peut pas critiquer le Maroc car cela reviendrait à se critiquer elle-même. Les intérêts de la nomenklatura française corrompue au pouvoir passent avant ceux de tout un peuple spolié de ses terres et d'une ressortissante française dont le seul tort est de soutenir une cause juste. La France le sait, les observateurs des droits de l’Homme au Sahara Occidental sont considérés comme «persona non grata» par le Maroc qui occupe ce territoire. Michèle Decaster n’est pas la seule à avoir été expulsée de Laâyoune pour cette raison, trois journalistes basques qui se trouvaient à Smara et s’apprêtaient à se rendre dans la capitale du Sahara Occidental en ont été empêchés par la police. Le régime marocain tente vainement de cacher à l’opinion publique internationale et française, en particulier, ses atteintes aux droits de l’Homme contre le peuple sahraoui et sa politique de répression au moyen du kidnapping, tel qu’il a été pratiqué sur Michèle Decaster, et de la torture systématique sur les militants sahraouis. La sentence de la ressortissante française est cinglante : «Voilà ce qu'il en est des progrès des droits de l'Homme, version marocaine. Voilà ce qu'il en est de l'embargo médiatique que le Maroc veut imposer sur ce territoire non autonome sur lequel il n'a aucun mandat international ou autorité légale.»
K. M.
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