A bout de patience
Par Kamel Moulfi – Malgré les promesses que ne cessent de multiplier les autorités, les familles candidates au relogement, qu’elles considèrent, à tort ou à raison, comme un «droit constitutionnel», maintiennent leur pression et continuent, çà et là, de couper la route, en dressant des barricades et en brûlant des pneus, pour attirer l’attention sur leurs conditions plus que précaires d’habitation. Leur action est relayée médiatiquement par des chaînes de télévision privées dont les journalistes sont moins soumis au reflexe d’autocensure. Les protestataires ont vu que cette forme d’action a donné des résultats et ils sont donc convaincus qu’elle est la seule à même de les sortir d’une situation qu’ils connaissent depuis parfois des dizaines d’années et qu’ils ne veulent plus supporter plus longtemps. Ils sont encouragés également par l’idée que l’Etat a les moyens de résoudre rapidement ce problème après avoir vu comment des responsables ont, sur-le-champ, le jour même du séisme du 1er août qui a frappé Alger, ordonné l’évacuation vers des cités nouvelles de sinistrés qui avaient été contraints de quitter leurs maisons menacées d’effondrement. Ils ont surtout constaté que, dans la foulée, des habitants d’un bidonville non concerné directement par l’urgence liée au séisme ont été acheminés eux aussi vers une cité récemment construite, pour occuper de beaux appartements. Ces protestataires, sinistrés après le séisme ou habitants de bidonvilles, se sentent-ils «laissés pour compte» ? Ils estiment tout à fait légitime de poser la question «pourquoi pas nous ?» en revendiquant leur relogement sans plus attendre. En tout cas, ils ne croient plus aux promesses reportées d’échéance en échéance et assorties d’explications de plus en plus inadmissibles à leurs yeux. Les appels à la sagesse et à la retenue n’ont plus d’effet sur leur impatience à emménager, avec l’aide de l’Etat, dans un appartement neuf. Ont-ils un doute sur les capacités de l’Etat à poursuivre sa politique sociale en matière de logement ? Ou, au contraire, savent-ils qu’un jour ou l’autre, ils seront relogés, et veulent tout simplement accélérer le processus. Dans tous les cas, leurs actions violentes, dans la rue sont de nature à accroître le climat de tension créé par toutes sortes de mécontentements.
K. M.
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