La presse algérienne dans l’incertitude : entamer les réformes avant qu’il ne soit trop tard
Dans le monde des médias américains, les grands groupes sont en train de séparer la branche de la presse écrite des activités audiovisuelles, à l’inverse de ce qui se passe chez nous où, au contraire, des chaînes de télévision sont créées par des propriétaires de journaux. Est-ce que la tendance observée aux Etats-Unis ne préfigure pas ce qui va finir par arriver en Algérie où on constate un début d’essoufflement de la presse écrite ? Dans ce cas, il n’est pas trop tard pour nos médias et leurs propriétaires, qu’il s’agisse de l’Etat, de journalistes associés ou d’investisseurs et autres bailleurs de fonds, pour se mettre à la prospective et anticiper sur les évolutions futures, qui sont accélérées par l’introduction des nouveautés apportées par les technologies de l’information et de la communication. Ne faut-il pas s’inspirer de l'exemple américain où le comportement des journaux dans la transition numérique fait l’objet d’une observation minutieuse et engager donc chez nous des études pour examiner la façon dont le secteur de la presse écrite aborde cette transition ? Ce n’est pas le seul motif qui devrait inciter les médias algériens à opérer un sursaut salutaire. Nos médias s'embourbent dans l'imitation et l'effet d'entraînement sans réelle émulation, sans vraies écoles de formation, sans véritables ressources financières pour créer de grands groupes de presse (écrite, électronique, audiovisuelle, NTIC, etc.). Le statu quo qui caractérise le secteur depuis des années s'aggrave par le fait qu'il est «camouflé» par la multiplication de supports médiatiques (télés notamment), mais qui, au fond, ne fait que s'installer dans l'improvisation et son corollaire, la médiocrité. Evidemment, la qualité tant recherchée s’en ressent. L’utilisation, pervertie, de l’internet à travers les moteurs de recherche a conduit non pas à tirer avantage du gain de temps qu’il procure, mais à tomber dans la facilité qui est une des causes de la détérioration de la qualité de la presse écrite, déjà fortement concurrencée depuis peu par les chaînes de télévision privées et par les sites d’information électronique qui bénéficient de l’instantanéité. Dernièrement, le magazine mensuel américain Wired a révélé qu’aux Etats-Unis, pour la première fois, le nombre d’abonnés à une connexion à large bande des principaux fournisseurs d’accès internet surpasse celui des abonnés à la télévision par câble. Les propriétaires de journaux, faussement appelés éditeurs, ont tout à gagner à vite dépasser le stade de la carte nationale de journaliste, qui a visiblement mobilisé beaucoup d’énergies, pour se mettre au diapason, en collant aux locomotives qui tirent les médias vers leur avenir.
Houari Achour