Anouar Malek s’autoproclame confident des hauts gradés : ces imposteurs qui parlent au nom du DRS
Le journal tunisien Al-Sabah a publié une interview début août, avec l’«expert» algérien Anouar Malek, ancien officier de l’ANP. Celui qui fut membre de la commission des observateurs dépêchés en Syrie analyse la situation au Maghreb et dans le Monde arabe, en appuyant ses arguments par des «confessions de hauts gradés des services secrets algériens». Ces derniers semblent, à croire ses dires, lui susurrer à l’oreille des informations d’une grande importance stratégique. Mais Anouar Malek n’explique pas pourquoi ces hauts gradés sentiraient le besoin de filer des tuyaux classés «secret défense» au personnage farfelu sans intérêt qu’il est. «Des sources à l’intérieur du DRS m’ont informé que des officiers algériens et français se sont rencontrés [au sujet de l’affaire libyenne, ndlr] et que les Algériens ont assuré à leurs homologues français qu’ils maîtrisaient Al-Qaïda au Maghreb islamique et qu’ils étaient capables d’infiltrer n’importe quelle organisation (terroriste) qui serait créée, que ce soit en Libye ou ailleurs.» L’acolyte de Hichem Aboud, qu’il a aidé à traverser la frontière tunisienne clandestinement pour fuir la justice algérienne, en déduit que les «autorités algériennes ont, à travers cette coopération en matière de renseignement, donné leur accord pour une intervention militaire occidentale contre Kadhafi, bien qu’elles tentent de paraître comme étant une partie neutre qui refuse de s’immiscer dans les affaires internes des autres Etats». L’ancien officier de l’ANP, à qui ses parrains semblent avoir demandé de «mouiller» le DRS hors des frontières, après avoir échoué une première fois, dans une campagne enragée exécutée à l’intérieur du pays par le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, par le truchement de médias aux relations douteuses, «explique» que l’objectif des services secrets algériens est d’aboutir à «l’installation de bases militaires occidentales» dans la région du Maghreb. Bien sûr, Anouar Malek ne pouvait pas déroger à la règle ; celle qui consiste à revenir par un réflexe pavlovien à l’arrêt du processus électoral en janvier 1992. Une date qu’il lie à une «exacerbation des tensions entre les différents services secrets», sans donner plus de détails sur ce lien supposé. Revenant au dossier libyen, Anouar Malek, qui a longtemps occupé les colonnes du journal Echorouk pour nous révéler les dessous des services secrets marocains – a-t-il travaillé pour eux ? –, est persuadé de l’existence de discussions secrètes entre des officiers du DRS et Abdelhakim Belhadj à Tripoli, allant jusqu’à «révéler» la teneur de ces pourparlers, puisqu’il nous apprend que le terroriste libyen devenu révolutionnaire «s’est dit disposé à collaborer avec les services secrets algériens» et qu’il aurait eu pour objectif «d’arriver au pouvoir grâce à cette collaboration». Dans une tentative de semer la discorde entre Tunisiens et Algériens, Anouar Malek se met dans la peau du connaisseur par qui le DRS doit passer pour fouiner dans le passé du président tunisien Moncef Marzouki : «J’ai été approché par d’anciens collègues de l’armée à Paris. Ces derniers m’ont demandé de leur fournir des informations sur Moncef Marzouki mais j’ai refusé.» Mythomane ou payé pour mentir, Anouar Malek raconte que le FBI aurait «interrogé des terroristes emprisonnés en Algérie», parmi lesquels Abderezzak El-Para. Enfin, cet ancien soldat qui semble affectionner particulièrement les chuchotements conclut par une lapalissade : «Un officier supérieur du DRS m’a indiqué que les services secrets marocains ont joué un rôle dans ce qui se passe au Sahel et en Libye et qu’il n’excluait pas qu’ils aient quelque chose à voir avec les événements de Tunisie.» En somme, Anouar Malek est un imposteur qui s’ajoute à ce tout-venant de mercenaires qui nous chantent depuis des années que c’est l’ANP qui massacrait hier en Algérie et qui sont convaincus que ce sont les terroristes qui tuent aujourd’hui en Irak, en Syrie, en Tunisie et en Libye, sans jamais douter. Le journal tunisien a omis de lui demander les raisons de cette spéciation. Anouar Malek n’aurait évidemment pas osé répondre que les consignes ont changé depuis.
M. Aït Amara