La mort du football
M. Aït Amara – La nouvelle du décès d’un joueur de la JSK, samedi soir, est tombée comme un couperet. D’abord, parce qu’il y a eu mort d’homme dans une rencontre de football ; ensuite, parce que le sport roi s’acheminait vers une catastrophe de ce genre depuis des années et que les pouvoirs publics se voilaient la face en faisant mine d’ignorer que nos stades sont devenus, au fil des ans, un haut lieu de la violence et de la délinquance. Les images de ces fourgons de police blindés qui «accompagnent» les supporters à chaque entrée et sortie des stades renseignent sur la situation délétère qui caractérise le football national. Les responsables politiques n’ignorent pas cela. Mais, dans leur fuite en avant perpétuelle, ils préfèrent fermer les yeux que de provoquer un séisme en prenant des mesures radicales qui peuvent aller jusqu’à la suspension du championnat en attendant que des solutions concrètes soient trouvées à ce phénomène qui va en s’aggravant. La mort d’Albert Ebossé n’y changera rien. La raison ? Les supporters ne vont plus au stade pour admirer un spectacle, mais pour en ressortir avec le sentiment de fierté d’avoir humilié l’adversaire. Et quand c’est l’adversaire qui, au comble de la honte, gagne à domicile, la frustration atteint son point culminant : actes de vandalisme, désordre, échange d’injures et de vulgarités, mêlées et – depuis hier – meurtre. Considérer l’auteur du jet de pierre fatal comme le seul coupable du drame qui vient de se dérouler au stade du 1er-Novembre serait une nouvelle dérobade face à une affaire éminemment politique et profondément sociale. N’ayons pas peur des mots : le football national exerce une influence très négative sur la jeunesse algérienne à laquelle il n’apprend rien, sinon à brandir un poignard et jouter à qui ferait preuve de plus d’agressivité et de grossièreté. En face, sur le carré vert, les joueurs ont depuis fort longtemps désappris à défendre les couleurs du club dont ils portent le maillot ; ils jouent pour l’argent devant des supporters qui ne payent que pour la victoire. Ou la mort.
M. A.-A.
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