Non, ce sont des terroristes !
Par Kamel Moulfi – Parlant de personnes détenues en Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste, Madani Mezrag, qui, faut-il le souligner, n’a aucune compétence juridique, les traite, dans un article paru dans le quotidien arabophone Echorouk, comme s’il s’agissait de prisonniers politiques. Ainsi, il affirme que «le dossier des prisonniers politiques sera réglé avant la fin de l'année». Depuis quand les terroristes sont-ils des prisonniers politiques ? Cette véritable imposture est tentée sous le couvert de la mise en œuvre de l’ordonnance portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Or, ce texte de loi qualifie avec la plus grande précision les motifs pour lesquels les personnes détenues ont été condamnées par la justice algérienne. L’article 2 de l’ordonnance, qui définit son champ d’application, renvoie à la série des articles 87 bis, onze au total, du Code pénal algérien, qui prévoient et punissent les faits commis par ces personnes ou dont elles ont été complices. Toute cette série d’articles du Code pénal fait partie d’une section au titre sans équivoque : «des crimes qualifiés d’actes terroristes ou subversifs». Ils ont été introduits dans le Code pénal par l’ordonnance du 25 février 1995, spécialement pour renforcer l’assise juridique de la lutte antiterroriste. Nulle part dans les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, il n’est question de «prisonniers politiques». A chaque fois que les personnes concernées sont mentionnées, il est fait référence à l’article 2 et à la série des articles 87 bis du Code pénal. Certes, l’article 47 de l’ordonnance du 27 février 2006 donne au président de la République le pouvoir de prendre des mesures complémentaires en faveur des personnes détenues concernées par Charte pour la Paix et la réconciliation nationale, mais sans modifier la qualification des crimes considérés comme des «actes terroristes ou subversifs». Que des mesures de clémence soient décidées par la justice algérienne est une chose, que les faits soient requalifiés par des personnes qui n’ont aucune compétence en la matière et en dehors des procédures consacrées, c’est hors de question. Mezrag prend ses désirs pour des réalités.
K. M.
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