Libye : y a-t-il une guerre entre les Emirats arabes unis et le Qatar ?
Les milices islamistes libyennes, soutenues par le Qatar, ont accusé les Emirats arabes unis, et l’Egypte aussi, d’être derrière les frappes aériennes contre leurs bases dans les alentours de l'aéroport de Tripoli, laissant ainsi entendre que ces trois pays participent aux combats qui opposent les diverses fractions qui se disputent le pouvoir en Libye depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi, en octobre 2011. Une dépêche de l’AFP abonde dans le même sens en affirmant que «les Emirats arabes unis ont secrètement mené des frappes aériennes contre des milices islamistes en Libye en utilisant des bases égyptiennes». L’agence française se réfère à des déclarations de deux responsables américains faites «sous le couvert de l’anonymat», et en conclut que cela confirme une information du New York Times. Mais rien ne permet de vérifier ce fait dans la situation de confusion totale qui règne en Libye où l’on parle même de bombardements effectués par des «avions de combat non identifiés», ce qui n’a jamais été vu dans aucun théâtre d’opérations militaires. Un communiqué de l'armée de l'air libyenne prétend que les preuves existent sur la participation d’avions étrangers à des frappes aériennes en Libye. Les démentis sont tombés ensuite en cascade. L'Egypte a officiellement nié, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, être impliquée dans ces frappes aériennes. Le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anouar Mohammad Garguèche, a lui aussi rejeté, sur Twitter et non par un communiqué officiel, les mêmes accusations. Le ministère français des Affaires étrangères a, à son tour, démenti les rumeurs de frappes aériennes françaises et italiennes. Indirectement, l'Algérie a rejeté les rumeurs de présence de ses forces en Libye. A qui appartiennent donc ces avions étrangers qui ont pilonné les positions des milices armées islamistes à Tripoli ? L’AFP rapporte que les autorités des Emirats arabes unis ont refusé de commenter les déclarations des responsables américains leur attribuant ces frappes aériennes. En l’absence de réaction officielle émanant des Emirats, la suspicion qui les vise reste fondée, accréditée par le conflit qui les oppose au Qatar. Les observateurs rappellent que des pilotes des Emirats avaient participé aux frappes aériennes lors de l’intervention de l’Otan en Libye en 2001. Leur isolement est total puisque l'Union européenne (UE), apprend-on, a fait savoir que «le dialogue politique assis sur une large base est l'unique solution à l'actuelle crise dans ce pays». Après avoir soutenu l’intervention militaire de l’Otan à coup de frappes aériennes franco-britanniques qui ont conduit à la situation de chaos que vit la Libye en ce moment, l’UE est maintenant opposée à l'intervention unilatérale de l'extérieur en Libye.
Houari Achour