Après le limogeage de Belkhadem : Bouteflika va-t-il nommer son frère Saïd ministre d’Etat ?
Des rumeurs persistantes parlent, ces derniers jours, d’une probable désignation «officielle» de Saïd Bouteflika au poste de ministre d’Etat, conseiller personnel du président de la République. Ces rumeurs ont-elles une relation avec le soudain limogeage d’Abdelaziz Belkhadem, l’ancien homme de confiance d’Abdelaziz Bouteflika et sa radiation du FLN où il lui désormais interdit ne serait-ce que de garer sa voiture aux abords du siège du parti ? Depuis la décision du président Bouteflika de participer aux élections de 1999, son frère cadet, Saïd, s’est toujours montré à ses côtés. Avant même l’élection de son frère au poste de président de la République, Saïd Bouteflika passait déjà pour son conseiller le plus proche, bien que le candidat fût entouré d’une panoplie de personnalités qui formaient alors le gotha de la classe politique nationale. Parmi ces derniers, figuraient en bonne place le défunt Larbi Belkheir, l’ancien chef de gouvernement Ali Benflis, l’ancien ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia et l’ancien attaché militaire Rachid Aïssat. Quinze ans plus tard, et chemin faisant, Saïd Bouteflika s’est imposé comme l’interlocuteur incontournable à la Présidence. Une position qui s’est davantage confirmée après la maladie du chef de l’Etat. En effet, dès son premier malaise en 2005, Abdelaziz Bouteflika, dont la méfiance maladive envers l’institution militaire n’est un secret pour personne, avait pris ses dispositions pour assurer ses arrières et éviter que le pouvoir lui échappe. Son second malaise, autrement plus grave – un accident vasculaire cérébral que son entourage avait, au départ, tenté de minimiser –, a renforcé les «pouvoirs» de Saïd Bouteflika dont l’omnipotence à la présidence de la République fait dire à certains qu’il y occupe quasiment la fonction de «vice-président». Agissant dans l’ombre, n’intervenant pas dans les médias – hormis sa dernière sortie dans un quotidien arabophone reprise par un site francophone proche d’Amar Saïdani – et n’assumant jamais de façon directe et ouverte quelque décision politique, Saïd Bouteflika est néanmoins connu pour avoir été derrière la désignation de plusieurs ministres et autres responsables d’institutions diverses. La nomination d’Ahmed Ouyahia au poste de chef de cabinet du Président, avant la présidentielle d’avril dernier, avait été interprétée comme une tentative de certains milieux influents d’écarter un Saïd Bouteflika devenu «encombrant» du fait que son nom revenait sur toutes les langues, accusé qu’il est de tout et de rien. Mais une telle éventualité relève de l’impossible, rectifient les connaisseurs du sérail, qui savent que le président Bouteflika serait prêt à sacrifier tous ses collaborateurs, à l’exception de son frère. Il ne faut pas oublier que le limogeage de Belkhadem est intervenu quelque temps après la mise à la retraite de plusieurs très proches conseillers de Bouteflika et que l’inamovible et très influent chef de cabinet, le défunt Larbi Belkheir, avait dû se résigner à accepter le poste d’ambassadeur à Rabat après avoir fait office de boîte noire des arcanes du palais d’El-Mouradia bien avant que Bouteflika ne s’y installât et n’en prît les commandes. Saïd Bouteflika, lui, est toujours là et il ne s’en ira qu’avec le départ du Président.
M. Aït Amara