Le Syndicat autonome des personnels des affaires étrangères : un syndicat en sursis ?
Le Syndicat autonome des personnels des affaires étrangères (Sapae), un des tout premiers syndicats autonomes, créé en 1990 dans la foulée du «Printemps algérien» qui a suivi les événements d'octobre 1988, lesquels ont engendré une ouverture sans précédent dans les champs politique, médiatique et social notamment, a végété pendant plus de vingt ans avant de voir ses activités reprendre crescendo, à partir de 2011, pour aboutir à la grève de 6 jours, qui a eu lieu du 10 au 16 février 2013. Si après la grève de 1991, les principales revendications professionnelles avaient été satisfaites par l'administration de l'époque, notamment en ce qui concerne les plans de carrière des personnels diplomatiques et contractuels, ainsi que certains de leurs besoins sociaux, la grève de février 2013, par contre, et malgré une plateforme des revendications éloquente, tant pour les personnels diplomatiques, plus discrets que pour les personnels contractuels, qui ont été les protagonistes majeurs et actifs de cette grève, n'a abouti qu'à une prise en charge partielle de ces revendications, en dépit des promesses fermes du ministre de l'époque, avant et après la décision du tribunal administratif, qui a qualifié cette grève «d'illégale et avait ordonné la reprise immédiate du travail», après six jours d'interruption, qui avaient fait la «une» des médias algériens et permis à l'opinion publique nationale d'être informée sur l'injustice et la discrimination qui règnent au sein du MAE. En tout état de cause, à l'instar des syndicats autonomes des autres secteurs, le Sapae a connu des perturbations internes essentiellement dues aux ingérences et aux pressions qu'il a subies de part et d'autre, en vue de réduire à leur plus simple expression ses activités. En effet, l'apathie du Sapae, à laquelle nous assistons actuellement, n'est pas due à une lassitude ou à une quelconque méfiance des personnels des AE, loin s'en faut ! Leurs problèmes restent posés et globalement non résolus, et cette situation n'est pas du tout saine et est porteuse de germes de troubles futurs, car en dehors du Sapae, les fonctionnaires du MAE, tous corps confondus, ne disposent, hélas !, d'aucun canal adéquat et crédible, à l'exception de la protestation sauvage, pour exprimer leurs préoccupations et leurs craintes, de plus en plus grandissantes. Une réactivation urgente du Sapae permettrait donc une identification et une prise en charge plus objectives et efficaces des revendications légitimes des fonctionnaires du MAE, très préoccupés par le manque de visibilité concernant l'évolution de leur carrière, surtout s'agissant des cadres,, qui se trouvent entre le marteau de leur décret et l'enclume de leur carrière. D'où leur absence notoire des effectifs du Sapae et leur désintérêt, feint ou réel, pour ses activités.
Rabah Toubal