L’argent et le civisme
Par Kamel Moulfi – A la fin de leur séjour estival passé dans notre pays, les commentaires des enfants de ce que l’on appelle la «communauté nationale à l’étranger» ne sont pas agréables à écouter. Les vérités qu’ils lancent en repartant n’ont rien de flatteur pour leurs compatriotes qui habitent en Algérie, du simple citoyen au plus haut responsable. Il suffit d’entendre ces adolescents dire qu’ils n’ont pas envie de revenir le prochain été, pour comprendre ce qu’ils ressentent. L’obstacle n’est pas le prix du billet qui décourage leurs parents ; eux sont choqués par le niveau médiocre de la qualité de la vie qui contraste très fortement avec ce qu’ils connaissent dans le pays d’exil que leurs parents ont choisi quand il a fallu fuir le terrorisme, à l’époque de la décennie sanglante, mais aussi pour que leurs enfants aient un meilleur environnement pour s’épanouir. Ce qui rend les jeunes émigrés réticents à passer les vacances dans le pays d’origine, c’est, par exemple, le fossé constaté dans les services publics auxquels font le plus appel les estivants : transport, eau, hygiène… La gestion locale, le plus souvent très approximative et improvisée, excluant les élites, conduit à des résultats catastrophiques que les Algériens, résidents nationaux, ont fini par intégrer dans leur mode de vie ; la saleté et le bruit ont été banalisés, et l’exigence du confort et de la tranquillité a pratiquement disparu chez beaucoup d’entre nous. Le plan quinquennal 2015-2019 annoncé lors du dernier Conseil des ministres prévoit une enveloppe financière qui donne le vertige : 262,5 milliards de dollars. Aura-t-il plus d’impacts sur la vie de tous les jours que les plans précédents tout aussi généreusement dotés ? Que dire de la violence ? Les adolescents qui sont à l’étranger et ne viennent en Algérie que pour les vacances ne trouvent pas «normal» le comportement incivique durement sanctionné à l’étranger mais étonnamment toléré en Algérie. Nous savons tous maintenant que l’incivisme favorise la violence. Que peut-on faire avec 262,5 milliards de dollars pour ramener le civisme qui manque dans le pays ?
K. M.
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