Mettre fin au populisme
Par Kamel Moulfi – La rentrée scolaire a été précédée, comme pour un derby de championnat sous haute tension, par l’annonce d’un dispositif de surveillance qui accroît l’inquiétude des parents et tend même à créer un climat de psychose nourri par la crainte d’agressions contre les enfants sur le chemin de l’école, dans le périmètre de l’établissement et, dans les cas extrêmes, y compris à l’intérieur des classes. C’est un fait incontestable : le temps est à la violence dans les rues algériennes et les quelques «barrières» érigées pour lui faire face ne l’empêchent pas d’entrer dans les espaces socio-éducatifs et encore moins dans les stades, comme l’a montré la fin tragique d’Albert Ebossé que son statut privilégié de vedette de football n’a pas pu protéger. Les bagarres générales entre bandes rivales, à l’aide d’armes blanches, épées, couteaux et haches – qui nous ramènent des siècles en arrière – sont fréquentes en milieu urbain, dans les quartiers résidentiels et cités densément peuplées. Dans cette situation, au lieu de se concentrer sur la préparation des conditions matérielles et pédagogiques, pour une bonne année scolaire qui donnerait des promotions meilleures que les précédentes, c'est-à-dire des enfants et adolescents encore mieux éduqués et formés, dans la perspective d’assumer leurs responsabilités futures dans la société, le «paquet» est mis sur la sécurité en prévision des risques d’accidents de la circulation provoqués par les fous du volant et d’agressions commises par les voyous qui rôdent autour des établissements scolaires. Pour le moment, seuls de maigres indices montrent un changement, à peine perceptible, dans l’attitude des pouvoirs publics à l’égard de la violence et surtout de l’incivisme qui la précède. Ce n’est pas encore suffisant. Le laxisme dans l’application de la loi domine toujours, justifié par des tas de raisons, qui ont toutes la même racine, le populisme qui flatte les médiocres et isole les élites. Les réunions de niveau ministériel se multiplient pour parler de la violence et prendre des mesures, mais le plus important est de traduire la volonté politique en actes concrets pour éradiquer ce fléau qui mine la société et empoisonne le système éducatif.
K. M.
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