Visite du chef d’état-major de l’armée française : que va faire le général Pierre de Villiers à Biskra ?
Le chef d’état-major des armées, le général d’armée Pierre de Villiers, effectuera une visite officielle en Algérie du 13 au 15 septembre, indique un communiqué de l’ambassade de France à Alger. Il sera reçu au ministère de la Défense par le général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, au ministère des Affaires étrangères par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, et se rendra en visite dans la 4e Région militaire, à Biskra, précise le communiqué. Ce déplacement, qui intervient après celui du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian en mai dernier et dans le cadre du suivi de la visite d’Etat du président français, François Hollande, en Algérie de décembre 2012, «sera l’occasion de poursuivre l’étroite concertation entre la France et l’Algérie sur toutes les questions régionales et la nécessité de lutter ensemble contre le danger commun que représente le terrorisme pour l’ensemble de la région», souligne le communiqué. La visite du chef d’état-major de l’armée française en Algérie semble avoir pour objectif de coordonner la lutte contre les milices islamistes qui sévissent en Libye et qui menacent le pays de désintégration. Cette probabilité est confortée par la visite que l’officier supérieur français devra effectuer à Biskra, relevant de la 4e Région militaire qui couvre une partie de la zone frontalière avec le sud de la Tunisie et de la Libye. Les observateurs de la scène politique régionale ont mis en avant, ces derniers jours, la volonté de la France d’«impliquer» l’Algérie de façon directe dans la crise libyenne. Mais le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, ont démenti l’information selon laquelle l’Algérie aurait l’intention de s’immiscer dans les affaires internes de la Libye, encore moins d’y intervenir militairement. La France, de son côté, semble décidée à «revenir» en Libye pour tenter d’y «rétablir l’ordre», comme c’est le cas au Mali où la présence des troupes françaises a réussi, dit-on, à stopper l’avancée des islamistes armés vers le sud, mais n’a toujours pas pu éliminer les groupes terroristes qui y sévissent. La France a également fait part de sa disponibilité à coopérer avec les Etats-Unis pour «combattre l’Etat Islamique» en Irak. Mais il est difficile de croire que la France, qui traverse une crise économique et politique aigüe, puisse contribuer efficacement à l’éradication de cette mouvance extrémiste que l’Occident a lui-même créée et entretenue. La seule aide que l’Algérie pourra apporter à la France se limitera au renseignement et, sans doute, à des conseils sur des questions que l’Algérie maîtrise mieux que la France dans le domaine de la lutte antiterroriste.
Karim Bouali