Le Qatar va expulser les dirigeants des Frères musulmans suite à des pressions étrangères
Plusieurs dirigeants des Frères musulmans égyptiens exilés au Qatar depuis la destitution de l’ancien président Mohamed Morsi, en juillet 2013, seront bientôt expulsés, a révélé Amr Derradj, membre actif de la confrérie sur sa page Facebook. Information aussitôt confirmée par d’autres sources proches de ce mouvement au Caire. Ce militant du Parti de la liberté de la justice (PLJ), dissous par la justice en juillet dernier, précise que les dirigeants exilés au Qatar «quitteront l’émirat pour ne pas gêner ses responsables». Selon Amr Derradj, les autorités du Qatar ont demandé aux dirigeants islamistes réfugiés de quitter le pays il y a déjà une semaine et qu’elles ont commencé à en exfiltrer une partie vers la Grande-Bretagne, par l’intermédiaire d’un bureau d’avocats dirigé par l’ambassade du Qatar à Londres. La même source précise que ce bureau a déjà réussi à obtenir la régularisation de la situation d’un certain nombre d’entre eux, bien qu’il n’existe aucune convention concernant les réfugiés entre les deux pays. Il est clair que cette décision a été prise par les autorités de Doha suite aux pressions exercées par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui avait émis des conditions pour normaliser les relations avec cet émirat, accusé de soutenir, financièrement et politiquement, les mouvements islamistes liés à l’Internationale des Frères musulmans dans tous les pays arabes, et notamment en Egypte, où ce mouvement s’est emparé du pouvoir, suite à la chute de Hosni Moubarak. Les pays du CCG avaient retiré leurs ambassadeurs de Doha en mars dernier, arguant d’un manquement à l’accord de sécurité commun de la part du Qatar. Ce qui était juste un prétexte pour se démarquer de la politique arabe de Doha. Pour rappel, beaucoup de dirigeants de la confrérie et de son bras politique, le PLJ, ont pu échapper aux poursuites judiciaires suite à la dissolution de ces deux entités et choisi de s’exiler dans des pays comme la Turquie et le Qatar, où ils bénéficient de grandes largesses. Après l’arrestation de la plupart des membres de la direction de la confrérie, dont le guide suprême, Mohamed Badie, condamné ainsi que treize autres dirigeants à la peine de mort, c’est son secrétaire général, Mahmoud Husseïn, exilé depuis une année au Qatar, qui aurait pris les commandes du mouvement et le dirigerait encore. Mais après cette décision d’expulsion, ces exilés devront trouver une autre terre d’accueil. Les destinations les plus prisées par les islamistes égyptiens, après Doha, étaient Ankara et Tunis. Mais il est fort à parier qu’au vu des pressions accrues, notamment de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis sur leurs alliés et du désistement du Qatar, il sera plus difficile à un mouvement comme Ennahda de manifester une quelconque solidarité avec les parias égyptiens.
R. Mahmoudi