Pour une industrie émergente en Algérie
«Il vaut mieux agir trop rapidement qu’attendre trop longtemps.» Jack Welch.
«Il vaut mieux agir trop rapidement qu’attendre trop longtemps.» Jack Welch.
L’Algérie est en train de payer au prix fort l’inexistence d’une véritable politique industrielle. Il y a eu absence de vision stratégique. Il est urgent de rattraper ce retard. Il s’agit aujourd’hui d’avoir un regard des plus lucides sur nos échecs et nos réussites afin de bien comprendre le marasme de l’industrie algérienne. Notre pays mérite bien un secteur productif national performant sans distinction aucune entre capitaux publics et privés. Aujourd’hui, il n’y a aucune autre façon de faire progresser un pays que de favoriser l’émergence de nouvelles entreprises et la croissance de celles qui sont en activité. L’industrie n’est pas un secteur d’activité comme les autres, c’est le lieu principal de l’innovation et des gains de productivité. Le rôle de l’industrie est stratégique. L’expression «pas d’industrie, pas de croissance» n’a jamais sonné aussi juste. Le maillon fort de l’industrie, c’est l’entreprise, elle doit être au centre de toute stratégie industrielle en particulier et de politique économique en général.
L’entreprise est à l’origine de la création de richesses et de valeurs, c’est l’élément moteur du développement. L’Etat n’est pas en reste, son rôle est très important, il doit accompagner les entreprises, il doit défendre la compétitivité des fleurons industriels nationaux en évitant des ouvertures économiques à haut risque et non réfléchies. Il faut mettre le cap sur les secteurs économiques d’avenir dans lesquelles la production nationale est susceptible d’occuper des positions de leader. L’Etat doit contribuer à l’émergence de champions nationaux, oui, les majors de notre industrie ont les capacités de prétendre à ce prestigieux statut. L’Etat doit aussi favoriser la libération des forces créatrices de richesses et qui sont nombreuses. L’Etat doit organiser le foncier industriel avec la création de nouveaux parcs industriels et en mettant de l’ordre dans ceux qui existent ; est-il logique que dans une zone industrielle qui compte 305 occupants, on ne recense qu’une trentaine de véritables producteurs ? Aujourd’hui, l’entreprise est le grand virage, il n’est plus question d’affronter l’avenir à contre-courant, il faut suivre les courants économiques dominants. L’entreprise est le passage obligé à toute croissance économique, c’est le chemin le plus sûr à une prospérité durable. Le monde de l’entreprise change rapidement. Les nouvelles technologies et l’innovation sont devenues les nouvelles armes de l’entreprise qui font que ce ne sont pas toujours les grands qui prennent le dessus sur les petits, mais plutôt les rapides qui l’emporteront sur les lents. Il s’agit d’anticiper de quelle manière la technologie pourrait influencer une entreprise à dépasser son concurrent quelle que soit sa taille ! Le temps est venu pour quelque chose de différent en Algérie, quelque chose d’audacieux, et qui ne se résume pas simplement à injecter l’argent de la rente dans des puits sans fond. Le temps est venu de passer du «tout import» au compter sur «ses propres forces et atouts», le temps est venu de passer de «pays en voie de développement» à «pays émergent», le temps est venu de passer de «destruction de richesse» à la «création de richesse». L’Algérie ne manque pas de gestionnaires, c’est plutôt une vision industrielle à long terme qui fait défaut, aujourd’hui, on ne doit plus raisonner en conservateur de musée, il est grand temps de bousculer les vieux business models, surtout que le pays dispose de grands atouts pour l’émergence d’une industrie véritable, d’ailleurs, il y a aujourd’hui un discours officiel qui va dans le bon sens. Faisons de l’entreprise algérienne le moteur d’un développement économique durable du pays qui est la principale source d’éradication de la pauvreté. Elle est l’un des fondamentaux de toutes les politiques sociales. Aujourd’hui, on parle d’entreprise socialement responsable avec la citoyenneté comme valeur majeure. Que nos décideurs politiques passent rapidement aux actes. Il ne s’agit pas d’une question uniquement économique, elle est aussi politique. Ne dit-on pas que le politique doit être au service de l’économie ?
Kamel Sidi-Saïd, consultant