Drame humanitaire : la mer Méditerranée a «avalé» 3 000 candidats à l’émigration clandestine en 2013
Selon un rapport de l’Organisation internationale des migrations (OIM), rendu public aujourd’hui mardi, près de 3 000 personnes ont péri en mer cette année, soit déjà près de quatre fois le bilan de 2013, estimé par l'Organisation à 700 morts. Le naufrage le plus dramatique a eu lieu mercredi dernier lorsqu’un bateau parti d'Egypte avec 500 personnes a coulé après avoir été percuté par une autre embarcation. L’Organisation indique que la majeure partie de ces migrants sont morts ou ont disparus au large des côtes européennes. Ces candidats à l’émigration empruntent souvent des embarcations de fortune et sont victimes de passeurs qui les laissent livrés à leur sort. Selon des témoignages, l’embarcation voulait gagner les côtes italiennes. Parmi les passagers, des familles palestiniennes, des Syriens, des Soudanais et des Egyptiens. Deux rescapés palestiniens, sauvés par un porte-conteneurs italien près de Malte, affirmeront que le naufrage a été provoqué volontairement par des passeurs. Les secours, coordonnés par les autorités maltaises, ont permis de retrouver 10 migrants et 3 corps, selon un bilan établi mardi matin par l'OIM en Italie, en Grèce et à Malte. Les deux Palestiniens ont été conduits en Italie, où ils ont demandé l'asile politique, 6 survivants ont été conduits en Grèce et 2 autres à Malte. Un autre drame s’est déroulé hier lundi. Un bateau avec 250 migrants à son bord a coulé au large de la ville de Tajoura, un port situé au nord-est de Tripoli, la capitale libyenne, selon plusieurs médias italiens. Selon les premiers éléments de l’enquête révélés par la presse romaine, seules 26 personnes ont pu être secourues par les gardes-côtes. Les victimes seraient, pour l’essentiel, des femmes. En Algérie, aucun bilan annuel concernant le nombre des disparus en mer n’a été rendu public, mais un recoupement d’incidents publiés dans les médias permet d’en connaître l’ampleur. Si on est bien loin des catastrophes humanitaires qui se passent au large des côtes libyennes ou européennes, la tendance n’en est pas moins à la hausse. Ainsi, depuis le début du mois d’août dernier, 117 émigrants clandestins ont été arrêtés au large d’Annaba. 4 jeunes ont été secourus et sauvés par les gardes-côtes au moment où 3 autres été portés disparus. A l’extrême-ouest, au large de Ghazaouet, 19 candidats à l’émigration clandestine ont été secourus par la marine algérienne le 28 août dernier, et 5 autres sont portés disparus au large de Mostaganem et Aïn Témouchent. Dans le cadre des opérations de lutte contre l’émigration clandestine, deux unités des Forces navales, relevant respectivement du Groupement territorial des gardes-côtes de Jijel et du Groupement territorial des gardes-côtes de Collo relevant de la 5e Région militaire, ont déjoué, hier lundi, à minuit trente une tentative d’émigration clandestine de 17 personnes. L’interception de l’embarcation des émigrés clandestins s'est déroulée à 11 miles marins au nord de Ras El Hamra, dans la wilaya d’Annaba. A cela, il faut ajouter le cas des nombreux harraga algériens disparus à bord d’embarcations artisanales au large des côtes tunisiennes ou italiennes, et dont on ne connaît pas le nombre.
R. Mahmoudi