Et le pays profond ?
Par Kamel Moulfi – «Alger n’est pas l’Algérie», entend-on dire, à juste titre, pour signifier que les événements qui s’y déroulent ne sont pas significatifs de la situation dans le pays et encore moins, ajoute-t-on parfois pour mieux faire ressentir le contraste, de celle qui prévaut dans l’Algérie profonde, rurale. Cette vérité a pris plus de relief après la réunion de quinze membres du gouvernement, présidée par le Premier ministre, en présence des autorités de la capitale pour débattre des problèmes d’Alger et prendre des mesures dans l’urgence pour y faire face. La question de la vie nocturne à introduire – parce qu’en fait, elle n’est pas dans les traditions d’Alger – dans le mode de vie des Algérois n’est pas la préoccupation de tous les Algériens, ni la fermeture plus tardive des magasins de la seule rue Didouche Mourad, leur souci majeur. Certes, la capitale est la vitrine du pays et, à ce titre, devrait être mieux gérée, c'est-à-dire plus intelligemment grâce à des compétences avérées, et non pas en jetant de la poudre aux yeux. Pour l’heure, ce qui fait défaut à cette gestion, ce n’est pas l’argent, mais le bon sens et la bonne volonté qui semblent manquer cruellement aux responsables en charge d’Alger, d’où l’exclusion de l’élite intellectuelle locale qui en résulte. Un bon clic de doigts peut suffire à déclencher une dynamique qui opérera en un temps record les corrections que demande Alger. Les mesures énumérées dans un de nos derniers éditoriaux n’exigent aucun financement supplémentaire ; tout juste que chacun fasse le travail pour lequel il est payé et que la loi soit respectée par tous et à tous les niveaux. Mais à condition d’orienter dans le bon sens l’argent déjà disponible pour permettre à des jeunes formés dans des métiers divers de créer les petites entreprises qui se mettront à retaper ce qui ne fonctionne pas et à veiller qu’à l’avenir tout baigne dans l’huile. Par contre, il est urgent, et le mot n’est pas déplacé, de regarder à l’intérieur du pays, qui commence, d’ailleurs, tout près d’Alger, et présente un tableau inadmissible en 2014 : chômage caché par l’activité informelle, crise du logement «résorbée» par l’habitat précaire et les bidonvilles, voirie déglinguée, décharges partout, aucun loisir, infrastructures sportives insuffisantes ou inexistantes, petite délinquance et insécurité, drogue… Les cris de détresse des populations qui se sentent abandonnées doivent être sérieusement pris en considération par les pouvoirs publics.
K. M.
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