De nouveau la harga
Par Kamel Moulfi – Une mer belle à peu agitée, sans avis de coup de vent, comme disent les spécialistes de la météo marine, a de quoi encourager les harraga algériens à mettre en œuvre leur projet de traversée de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe dans l’espoir de s’y établir pour échapper à un présent fait de mal-vie et qu’il croit sans perspective ici, et construire leur avenir ailleurs. Hier, les gardes-côtes de Jijel et de Collo ont intercepté une embarcation au large d’Annaba empêchant 17 personnes de tenter cette aventure périlleuse appelée «émigration clandestine». Quelle indication peut-on tirer de cette information sur la tendance à la harga ? Y a-t-il reprise de ce phénomène ou n’est-ce qu’un fait mineur ? Les arrestations, en mer, d’émigrants clandestins partis de plages d’Annaba, de Mostaganem, d’Aïn Témouchent ou d’une autre localité côtière se comptent par dizaines, voire par centaines, cette année. Les moins chanceux, qui n’ont pas été arrêtés, sont portés disparus. Un drame pour les familles de ces jeunes qui n’ignoraient certainement pas qu’en prenant la mer, ils risquaient la mort par noyade. C’est à croire que leur désespoir était immense pour qu’ils se laissent aller à cette forme de suicide. Les harraga, généralement des jeunes âgés de 20 à 25 ans – il n’est pas rare de trouver aussi des mineurs parmi eux –, ont-ils réellement le choix ? Voilà un bon chantier de réflexion et de travail pour le nouveau ministère de la Jeunesse dont le personnel peut être tenté de regarder vers les solutions de facilité et improvisées qui consistent à distraire les jeunes pour leur faire oublier leurs problèmes, avec des dividendes immédiats pour certains, au lieu de s’engager dans une véritable politique, à portée stratégique, destinée à sortir définitivement la jeunesse algérienne de son marasme. La vague d’émigration clandestine qui part de notre pays n’a pas l’ampleur de ce qui se passe chez nos voisins. En outre, la surveillance exercée par les gardes-côtes est assez vigilante pour déjouer les tentatives et sauver souvent les harraga d’une mort certaine en les secourant en haute mer. Les rapports établis par le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) et les témoignages recueillis par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) prouvent qu’il existe un trafic maritime informel de «voyageurs» à risque mortel pour les candidats à l’émigration, mais très lucratif pour les passeurs qui pratiquent cette activité criminelle sans aucun scrupule. Il faut sauver nos jeunes de ce piège.
K. M.
Comment (4)
Les commentaires sont fermés.